Léa Clermont-Dion allaite sur la couverture d’un magazine parce que pourquoi pas?
Véronique ThibeaultC’est en avril dernier que Léa Clermont-Dion a accueilli son premier enfant qu’elle appelle affectueusement bébé gnocchi. Celle qui est reconnue pour son féminisme et ses prises de paroles importantes continue maintenant sur la même lancée tout en y ajoutant une touche de maternité; sa nouvelle réalité. C’est ainsi qu’elle pose en couverture du magazine Urbania en allaitant. Un acte tout banal pour toutes les mères qui le vivent ou l’ont vécu, mais qui choque encore beaucoup de monde pour une raison ou une autre (qui m’échappe, pour être honnête).
Dans une volonté de normaliser cet acte tout naturel, elle participe donc au débat grâce à cette magnifique couverture qui présente un moment de connexion aussi doux que fort entre elle et bébé.
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« Ce que vous voyez à la une du nouveau magazine d’Urbania , c’est un #brelfie. Le selfie de l’allaitement, un acte de représentation qui s’inscrit au sein d’un mouvement féministe d’empowerment semant solidarité, discorde et parfois backlash sur les réseaux sociaux.
Pourquoi donc avoir accepté cette proposition? J’affectionne les actes subversifs qui suscitent des débats. À l’ère des réseaux sociaux, il faut être capable d’assumer ce que le sociologue Erving Goffman qualifiait de « la mise en scène de la vie quotidienne ». Surtout lorsqu’elle génère des réflexions critiques. J’étais game. L’autodérision, ça ne fait de mal à personne.
Allaiter en public dérange encore. Pas plus tard qu’en juin dernier, je voyais une innocente photo où j’allaitais mon bébé signalée et censurée sur le gram. Puritanisme, quand tu nous tiens. Lisez les commentaires découlant du mot clic #normalizebreastfeeding sur Instagram regroupant plus de 900 000 clichés.
Certains célèbrent le geste. D’autres méprisent ceux qui qualifient les mères d’exhibitionnistes, de folles, d’hystériques, d’offensantes. Pourquoi une femme qui prend un #brelfie transgresse les normes de l’acceptabilité sociale?
D’autant plus que le selfie en tant que tel est un acte qui est moralement dénigré. J’ai du mal à saisir la teneur de cette condescendance. N’y a-t-il pas un peu d’hypocrisie à l’égard de cette pratique pourtant tellement répandue et qui est loin d’être nouvelle? Déjà en 1914, la jeune duchesse russe Anastasia Nikolaevna, âgée de 13 ans, prenait un egoportrait de salle de bain. Le selfie est un moyen de communication parmi d’autres. Tout dépend du contexte et le message qu’il révèle.
Le partage d’intimité numérique est un nouveau langage amené à évoluer. Il faudrait en revenir.
Cet acte a le potentiel de rendre visible toutes sortes d’idées, de revendications, de mises en scène qui remettent en cause des normes dominantes, notamment patriarcales, par l’entremise d’une certaine subjectivité. Le #brelfie peut faire évoluer les mœurs. Car démocratiser l’allaitement, c’est aussi le rendre visible.
Bref, ceci est mon corps, pas celui des autres. » a-t-elle écrit sous la publication Instagram qui nous révèle la magnifique couverture.
Un message tout aussi puissant que l’image.