Dans une semaine pile-poil, mon grand entrera à la maternelle avec son sac sur le dos un assortiment de feutres lavables. Bizarrement, je n’ai pas de pincement au coeur à le voir franchir cette grande étape de la vie. Je suis, au contraire, fière de lui, de le voir prêt, si confiant et épanoui. Je le trouve beau, je le trouve grand, je l’admire.
Ce qui me chagrine, en revanche, c’est cette perte de liberté que cela m’imposera. Comme doctorante, je suis maître de mon horaire. Tant que je consacre suffisamment de temps pour travailler sur mes recherches, je peux garder mon fils avec moi quand bon me semble, l’amener aussi tard que je veux à la garderie le matin, aller le chercher aussi tôt qu’il me plaît et partir en vacances au gré des bons deals de billets d’avion. Je sais que c’est une grande chance et croyez-moi, j’en ai profité!
Mais voilà, maintenant, l’horaire de mon garçon, et le mien aussi conséquemment, sera régi par une cloche électronique au temps immuable. Finis les mercredis matins brunchs au resto, les après-midis surprises au Jardin botanique, les séjours inopinés chez les grands-parents en coeur de semaine. Et ça, ça me fait mal. J’ai l’impression qu’on m’imposera une limite d’accès à mon enfant. Qu’il ne sera plus tout à fait à moi, mais à son école. Un peu niaiseusement, je suis jalouse d’elle…
Je sais, au fond de moi, que ce n’est pas ça. Mon fils, dès la semaine prochaine, se consacrera entièrement à lui, à sa scolarisation, à son développement. Pour peut-être les vingt prochaines années de sa vie, il sera un apprenant, un élève, un étudiant, un citoyen en devenir, un futur adulte en formation. C’est important et magnifique à la fois. Mais je n’arrive tout de même pas à m’enlever de la tête et à regretter le fait que je perdrai ma liberté de maman avec lui. Très égoïstement, mais avec tout mon amour pour lui.
Bien sûr, la maternelle, c’est quand même souple (mais ce n’est qu’un début!). Bien sûr, il y aura des journées pédagogiques (mais ce ne sera pas quand MOI je le voudrai). Alors bien sûr, ce ne sera plus comme avant.
Je ne pense pas pleurer la semaine prochaine. Mais quand la cloche sonnera pour la première fois, je vais quand même la maudire en soufflant un baiser souriant à ma Belette.