Il y a quelque temps, notre fille de 5 ans nous en a fait voir de toutes les couleurs lorsqu’elle a décidé de se cacher dans la maison pour faire une vilaine blague. Pendant 30 longues interminables minutes, nous l’avons cherchée. Nous avons demandé l’aide de voisins, alerté la police et vécu ces émotions qu’aucun parent ne veut vivre dans sa vie. La minute précédente, elle jouait avec ses frères dans la salle familiale, puis, tout à coup nous étions là à fouiller tous les recoins de la maison et ratisser les alentours de notre terrain.
Comment est-ce possible de perdre son gamin dans sa propre demeure? Finalement, c’est assez facile, croyez-moi! . Malgré toutes les règles que nous avons établies concernant le jeu à l’extérieur de la maison, malgré la sensibilisation que nous avons faite au sujet des inconnus, bien que mes enfants soient généralement peu aventureux et qu’ils aient ma confiance, j’ai cru au pire. En fait, quelques secondes seulement ont suffi pour que je perde totalement la trace de ma fille. Bon, elle s’était finalement cachée, mais ça, au départ, on ne le savait pas! Puisque nous avons un grand terrain à la campagne sur lequel se trouvent un boisé, un petit ruisseau et un fossé puis que la route est très passante devant la maison, nous avons imaginé le plus négatif des scénarios.
Ce jour-là, j’ai pensé à ces parents qui vivent chaque année la même chose que nous, mais dont le dénouement n’est pas aussi heureux que le nôtre. Je me suis dit que nos histoires ont débuté de la même façon… quelques secondes d’inattention, une disparition, des recherches, des appels, une mobilisation des proches et voisins. Puis l’incompréhension… ne pas concevoir qu’une telle tragédie survienne alors qu’on est si attentionné, alerte, soucieux de nos enfants.
Pour tout vous dire, je me suis carrément projetée regardant le visage de ma fille sur un panneau d’autoroute, avec ses yeux brillants, son sourire moqueur, son petit toupet marron et les lettres « DISPARUE/MISSING ». Je me suis vue à la tête d’une fondation amassant des dons pour mener de nouvelles recherches, les policiers ayant classé sa disparition dans la catégorie des cold cases. Je nous ai imaginés ne jamais la retrouver et passer nos vies à culpabiliser sur ces quelques secondes pendant lesquelles elle a échappé à notre attention.
Puis, juste après avoir complété mon appel aux policiers et avoir demandé à mes grands garçons de fouiller une dernière fois notre maison (qui est assez vaste), j’ai entendu mon aîné chicaner sa sœur avec vigueur: « Toi, tu ne fais plus jamais ça! Maman vient d’appeler la police! ». Est-ce que les larmes que j’ai versées en étaient de soulagement, de peur, de colère ou de post-adrénaline? Je ne sais trop… Chose certaine, avant même de penser à sermonner ma fille, je l’ai serrée dans mes bras et je lui ai dit à quel point je l’aimais.
Votre enfant a-t-il déjà échappé à votre attention, que ce soit dans un lieu public ou à la maison?