C’est le printemps et je suis enceinte jusqu’aux oreilles de notre deuxième garçon. Nous nous promenons tranquillement sur St-Denis pour faire dormir notre fils de 4 ans. Au bout d’un silence de quelques coins de rue, mon amoureux me lâche un « J’aimerais qu’on aille au Népal avec les garçons » bien senti.
Dans notre couple, les initiatives et la drive me reviennent à peu près tout le temps. Je suis du genre « meneuse » et mon mari est plus « fidèle comparse ». On se complète donc à merveille. Ma position de chargée de projet familial me met toutefois beaucoup de pression. Non seulement je dois constamment fournir de nouvelles idées, mais je me fais aussi un point d’honneur d’être à l’écoute des envies, besoins et, parfois, des propositions de mon conjoint. C’est parfois lourd, mais nécessaire. Ceci fait aussi en sorte que, dès qu’il formule une quelconque proposition, je la considère avec sérieux et fais mon possible pour qu’elle fonctionne.
Mais vous dire comme je n’avais pas vu venir cette idée de voyage. Ni l’un, ni l’autre n’avons jamais mis les pieds en Asie. Nous ne sommes pas de grands globetrotteurs non plus. Je n’ai aucune idée d’où cette lubie a pu lui venir, mais clairement, elle était là, bien nichée dans sa tête. Et comme notre promenade de cet après-midi-là n’avait pas de but précis, nous avons doucement bifurqué vers la bibliothèque pour nous armer de guides de voyage, et ce, même si nous avons tout de suite convenu que nous attendrions la naissance de notre nouvel héritier avant de concrètement visualiser notre petite famille au pied de l’Himalaya.
Bébé est arrivé, tout en santé et en poumons. Dans le tumulte des premiers mois, j’ai oublié le projet de voyage. La fatigue m’empêchait littéralement de rêver de quoi que ce soit d’autre que d’un café. Les guides que nous avions lu étaient retournés depuis longtemps sur les tablettes de la BanQ. Tout comme mes deux pieds, ma tête était à des milliers de kilomètres de Kathmandu.
Et puis, un matin, alors que je faisais pour une énième fois des longueurs d’appartement avec mon bébé déjà blasé de la vie dans mes bras, mon mari me téléphone. « J’ai trouvé des vols pour Kathmandu en octobre. Je les prends? »
Cette question m’a certainement beaucoup plus stressée que son « veux-tu m’épouser? » d’il y a quelques années. Mais comme je pense que, dans la vie, on regrette davantage ce qu’on n’a pas fait que ce qu’on a fait, j’ai dit « oui ».
On part au Népal, je vais vous amener avec nous, c’est promis!