Il y a déjà 20 ans, je graduais du secondaire. Samedi dernier, les anciens gradués se réunissaient autour d’un verre pour se retrouver et échanger sur leur cheminement des dernières années. Je n’ai finalement pas participé à cette réunion, mais j’ai eu envie de faire une rétrospective de mes vingt dernières années. J’étais aussi curieuse de savoir si les TPL Moms se trouvent à l’endroit qu’elles avaient imaginé lorsqu’elles ont gradué.
Pour ma part, lorsque j’ai terminé mon secondaire, je voulais être psychologue. Je doutais toutefois de mes capacités à réussir les études nécessaires pour exercer cette profession, le doctorat étant requis depuis peu. Je ne savais pas trop si je souhaitais avoir des enfants, puisque faire du babysitting n’avait jamais été une grande passion pour moi. Je ne savais pas si je voulais revenir vivre dans ma région natale après mes études. Je savais que je souhaitais une relation amoureuse stable, mais que ma relation du moment n’allait certainement pas durer.
Vingt ans plus tard, je suis psychologue tel que je le souhaitais. J’étais toutefois loin de me douter que j’aurais trois enfants, dont une qui serait polyhandicapée et qui décéderait subitement à l’âge de 2 ans et demi. J’étais loin de me douter que j’aurais la force de passer à travers une telle épreuve. Je ne savais également pas qu’un garçon de mon groupe d’amis allait devenir mon conjoint trois ans plus tard, puis mon mari, le père de mes trois enfants, mon meilleur ami et mon compagnon de voyage idéal. Je n’aurais pas cru qu’avec lui, et éventuellement avec nos enfants, nous allions faire de nombreux voyages à travers le monde. Nous sommes revenus vivre dans notre région natale il y a neuf ans et nous avons une jolie maison que nous avons rénovée avec amour (et avec mon père!). Malgré les épreuves, je peux dire que je suis heureuse de la tournure que ma vie a prise, vingt ans plus tard.
Et les autres TPL moms?
Geneviève Je voulais trois enfants (on a une seule fille). Je voulais travailler dans la rédaction, je suis adjointe juridique (mais j’écris beaucoup!). Je voulais une petite vie tranquille, une grande maison pleine d’animaux et de joie. Et je voulais passer le reste de ma vie avec mon copain. Je suis toujours avec lui après 20 ans, on a une maison pleine d’animaux, mais pas aussi belle que dans mes souhaits. On est somme toute pas pire heureux !
Kristel J’aurai 35 ans en septembre et je n’ai aucun regret ! J’ai voyagé (et je continue de le faire), je me suis mariée, j’aime mon métier (même si ce n’est pas celui que j’imaginais à 16 ans), j’ai des enfants merveilleux et une maison que j’aime. Je ne rêvais pas d’autant de bonheur à ma graduation. Il me reste encore quelques rêves à accomplir, mais je ne regrette riennnnnn.
Caroline Je ne voulais pas vraiment d’enfants. J’ai vécu plus que mon lot d’histoires d’amour extraordinaires (et certaines bien ordinaires aussi haha) et j’ai voyagé beaucoup, ayant même accouché à l’étranger. Je travaille dans ce que je considère le meilleur métier du monde et je suis super entourée socialement. La chose qui me surprend encore c’est que je suis mariée et que j’ai deux enfants : je ne l’aurais jamais cru à 17 ans.
Rachel À ma graduation je n’avais qu’une idée en tête! Quitter ma ville, faire mon cours en radio et vivre de cela ensuite! J’ai fait tout cela! J’ai vraiment réalisé mon rêve. C’est cheminer une fois que le but premier est atteint que je trouve plus difficile, car je dois déterminer ce que je veux ensuite, quelles sont mes priorités maintenant que j’ai une famille, etc. Mais j’ai toujours vécu de la radio depuis que je suis sortie de l’école et c’est une grande fierté, dans un domaine qui est réputé pour être dur et instable.
Marie-Josée Quand j’ai terminé le secondaire, je voulais absolument quitter la ville où j’habitais. Je voulais devenir psychologue et avoir des enfants avant 25 ans. Eh bien, ce n’est pas ce qui est arrivé. J’ai fini en informatique où je suis bien et j’ai eu ma fille à 33 ans. J’ai eu un cheminement académique chaotique avec des changements de domaines. Mais je ne regrette rien. J’aime la vie! Le seul point que j’ai fait: j’ai quitté la ville où j’habitais le 1er juillet 2000 et je n’y suis jamais retournée.
Karine J’ai gradué en 2006. Je suis dans la même entreprise depuis la fin de mon bac, je fréquente encore beaucoup d’amis du secondaire, je suis mariée à mon chum du secondaire. Je suis très heureuse de toujours avoir ces personnes dans ma vie. J’ai maintenant un fils et on habite un petit condo de Montréal. On a fait le choix d’habiter près de nos emplois (on travaille tous les deux près du centre-ville) et tout le temps gagné n’a pas de prix!
Véronique J’ai toujours voulu travailler avec des enfants. Déjà à la garderie, j’aimais aider l’éducatrice des bébés. C’était donc pas mal prévisible que je devienne enseignante (après avoir voulu être mathématicienne pendant quelques mois au CEGEP). Côté famille, j’ai aussi toujours voulu des enfants et je savais que même si j’étais seule j’en aurais. C’est certain que j’aurais aimé que mon amoureux soit encore avec nous. Sur le plan amoureux, je ne suis pas encore rendu là dans ma tête et je n’ai aucun temps à y consacrer. Je me dis que dans quelques années je rencontrerai peut-être quelqu’un, mais pour l’instant je suis bien avec mes deux cocos.
Estelle Je ne sais pas trop ce que je prévoyais ou souhaitais, sauf partir, voyager et être amoureuse. Je n’avais pas de plan et je ne voulais pas de plan, je voulais juste vivre intensément. On est si jeunes quand on quitte le secondaire! J’avais plus de souhaits quand j’ai terminé le CEGEP, genre « changer le monde », « abolir le capitalisme », « sauver la planète », ce genre de « petits » projets là. Sans blague, je suis heureuse de mon chemin sans destination, j’ai voyagé en masse, j’ai eu des grands amours et des grandes peines d’amour, j’enseigne dans un département mostly anti-capitaliste, j’habite en Coop, mes enfants pétillent comme des étoiles. Un jour, je terminerai peut-être mon doctorat (hopefully avant 40 ans), mais pour l’instant je lis tous les jours sur des sujets qui me passionnent, et quand je serai grande, j’aurai peut-être une « vraie job ». Peut-être. La maternité a calmé mon besoin d’intensité, ou plutôt l’a ramené aux choses du quotidien, et j’essaie de nourrir les petits émerveillements. Ma plus grande surprise est mon amoureux, qui est en tout point différent du prince charmant que je m’imaginais à 17 ans, en fait tout sauf sur une série de points : la simplicité, le calme et la profondeur de l’amour qu’il y a dans son regard.
Cynthia Quand j’ai quitté le secondaire, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire professionnellement. Tout ce que je voulais, c’était réussir à gagner ma vie pour pouvoir me permettre d’avoir des enfants (2) et une maison. Aujourd’hui, j’ai 30 ans, mon amoureux et moi venons d’acquérir notre toute première maison et j’accoucherai en septembre de bébés 3 et 4. Je crois que si j’avais vu ce que serait ma vie à 30 ans quand j’avais 16 ans, j’aurais été satisfaite du tableau.
Alex Honnêtement, c’est au-dessus de mes espérances! Je voulais avoir un métier que j’aime (je ne savais pas encore quoi) et être une jeune maman avec une grande famille. Ça fait neuf ans que j’ai gradué et je suis enseignante (je n’aurais jamais pensé aller à l’université!), j’ai 25 ans et un conjoint que j’aime et nous attendons notre deuxième enfant d’un jour à l’autre!
Julie Je ne suis pas allée à mon 20e justement parce que je n’étais pas là où je voulais être dans la vie… J’étais en plein dans le plus dur des essais bébé, je n’aimais plus ma job, mais j’attendais que le projet bébé aboutisse pour faire des changements et ça faisait déjà quelques années que le projet « vie de couple » n’était plus dans ma liste. J’aimerais bien qu’il y ait un party 30 ans! Je pourrais présenter mes deux merveilleux petits monstres, parler de ma job que j’aime et montrer des photos de ma maison. Ça m’a pris plus d’efforts et plus de temps, mais je me suis créé une belle vie…
Geneviève J’étais vraiment clueless! Je ne savais pas qui j’étais ni ce que je voulais. Je pense que j’étais comme le cocon dans sa chrysalide. Je n’ai pas gardé contact avec mes amis du secondaire, pendant lequel je me suis de toute façon sentie comme un extra-terrestre. Pour dire franchement, je suis toujours vraiment mal à l’aise avec ce genre de réunions parce qu’elles véhiculent une idée du succès que je trouve malsaine et basée sur des facteurs hypers normatifs (l’argent, la grosse job, le couple hétérosexuel, la propriété privée, l’apparence physique, etc) alors qu’à mon sens, ce n’est pas ce qui fait la valeur d’une personne ni sa « réussite ». Donc, j’ai évité toutes les réunions de ma cohorte – excepté la dernière – qui m’a confirmée que je ne me joindrai pas aux prochaines.