À toi qui as le ventre vide et qui ne comprends pas pourquoi
À toi dont le sang est la mort dans l’âme
À toi qui as traversé des déserts et eu des centaines de piqûres pour avoir la vie en toi
À toi qui as dû aller à l’autre bout du monde pour chercher un mini
À toi qui n’as pas dû aller loin, juste au bout de toi-même tous les jours depuis.
À toi qui te sent parfois mal de ne pas toujours avoir voulu de cet enfant
À toi qui regrettes parfois, souvent
À toi qui en aurais dix si seulement
À toi pour qui la maternité, ça n’allait pas de soi
À toi qui as avorté une ou cent fois.
À toi qui à l’hôpital as pensé mourir, maudit tous les saints et embrassé l’anesthésiste
À toi qui as enfanté dans ta salle de bain, la peur au ventre
À toi qui fais ça sans rien sauf tout ton petit change
À toi qui as déchiré et dont le vagin est une zone de guerre pleine de sang
À toi qui as laissé un peu de toi dans la salle d’accouchement.
À toi qui allaites deux enfants à la fois
À toi qui n’as pas allaité et pour qui c’était le bon choix
À toi qui as tout essayé et qui malgré tout est restée desséchée
À toi dont les seins sont vides, mous et pendouillants
À toi qui le fais en cachette pour ton enfant de cinq ans.
À toi qui n’as pas pu fermer l’oeil de la nuit
À toi qui depuis 34 000 nuits n’a pas dormi
À toi qui ne dors jamais sur tes deux oreilles, qui angoisses et qui te tourmentes
À toi qui te lèves avant tout le monde ou toi qui malgré les pilules n’arrives pas à te tirer du lit
À toi qui pleures en cachette d’épuisement une fois les petits assoupis.
À toi qui t’est séparée et qui te meurs un peu une semaine sur deux
À toi qui comptes les dodos pour le prochain 5-2-2
À toi qui souffles pourtant dès qu’ils sont partis
À toi qui le regrettes parfois aussi
À toi qui t’es fait quitter et qui tiens, on ne sait pas comment, debout la plupart des matins pour eux
À toi qui googles frénétiquement pour trouver des réponses aux maux des tiens
À toi qui attends avec un sang d’encre un diagnostic pour ton bébé
À toi qui as dû faire la lionne pour que des spécialistes prennent au sérieux les troubles de ton enfant
À toi qui connais trop bien l’hôpital et ses recoins
À toi qui as vécu le pire cauchemar de perdre un des tiens.
À toi qui es sur les bancs de l’école pour leur montrer l’exemple
À toi qui te ronges les ongles en regardant ton compte en banque
À toi qui te prives et chaque jour ne manges pas à ta faim
À toi qui cours le clsc, la guignolée et les friperies
À toi pour qui la vie ne donne aucun esti de répit.
À toi qui t’es déracinée et as changé de pays pour tes enfants
À toi qu’on veut dévoiler ou retourner dans un autre continent
À toi qui ne comptes plus les « si t’es pas contente, va-t’en d’ici »
À toi qui n’as pas d’autres mamans amies
À toi à qui on demande si tu es la nanny.
À toi qui tentes de ne jamais élever la voix
À toi qui te questionnes, à toi qui doutes, à toi qui comptes jusqu’à trois
À toi qui as juste l’impression de te tromper tout le temps
À toi la juste assez, la trop pleine, à toi la chargée mentalement
À toi qui fais de ton mieux et même plus parfois.
À toi qui n’en as qu’un et qui se fait dire que c’est facile constamment
À toi qui en as quatre de trois pères différents
À toi qui aimes les femmes qui te frottes aux jugements
À toi qui prends soin de ceux de ton conjoint même s’ils ne te le rendent pas
À toi qui es toute seule pour élever des minis et à qui on devrait élever un monument.
Aujourd’hui, je te vois.
Je te trouve magnifique, grande et forte et je te salue, maman.