Chez TPL Moms, on a à coeur de faire reconnaître la charge mentale qui incombe trop souvent aux mères. Cette charge – bien qu’invisible – existe réellement et encombre notre intellect de toutes les tâches nécessaires à la gestion familiale.
Mais on a pas encore assez parlé de sa soeur cadette, la charge émotionnelle. Cette propension qu’ont les femmes à se sentir responsable du bien-être psychologique et émotionnel d’autrui, souvent au détriment du leur.
Depuis mon plus jeune âge, on m’a appris à prendre soin. C’est une immense qualité. Mais c’est aussi, souvent, un boulet – présent dans la vie de nombreuses mères de famille qui ont été socialisées de la sorte. Ce travail invisible est bien réel, lui aussi… Il encombre le coeur.
Quand j’étais petite, on m’interdisait littéralement de me mettre en colère. Dès je j’élevais la voix, ma mère me faisait taire pour « ne pas déranger ». Mon père dépressif et nonchalant rentrait souvent avec une humeur massacrante à la maison. Ma mère ne le confrontait jamais. Il fallait en prendre soin, le « ménager », comme elle disait. Elle l’écoutait, inlassablement, parler des difficultés qu’il éprouvait au travail et dans la vie en général.
Le jour où il a quitté pour de bon la maison, je n’étais qu’une adolescente. Ma mère sombrant, j’ai repris naturellement ce rôle d’accompagnante, et j’ai écouté ma mère, tous les jours pendant des mois, m’exposer l’ampleur de sa tristesse et de son désarroi. C’était ce qu’on attendait de moi.
Maintenant, je suis mère à mon tour. Jour après jour, je soutiens et je rassure mon conjoint. Je l’aide à ventiler après une journée exécrable au travail, à trouver des solutions lorsqu’il vit des conflits dans sa vie professionnelle comme personnelle. Peu importe la complexité de ma propre journée ou mon niveau de disponibilité mentale… On attend de moi que je sois solide, accueillante et à l’écoute.
J’accompagne mes enfants dans leur développement affectif. C’est moi qui va « au bat » quand ils posent des questions à 100 piasses. Quand il faut guider, conseiller sur la façon d’être en relation, de communiquer avec ses amis, d’agir selon ses valeurs. C’est moi qui accueille les crises de larmes, les doutes et les colères. C’est moi qui crée les moments de magie et les souvenirs. On attend de moi que je sois douce, disponible et bienveillante.
Crédit : Alvaro Reyes/Unsplash
Et alors, je me pose une question…