Ma fille aînée est décédée huit jours avant la naissance de mon deuxième enfant. Ce dernier est donc né dans la mort. Dans mon ventre, il a ressenti le choc que j’ai vécu à l’annonce du décès subit de sa sœur. Puis, dès ses premières heures de vie, il a partagé mon deuil et celui de son père.
Les mois ont passé. Mon mari et moi parlions librement de notre aînée décédée, de notre peine, de notre deuil. Nous tentions d’expliquer la situation à notre fils, dans des mots adaptés à un enfant de deux ou trois ans.
Je tenais à lui expliquer que sa sœur était lourdement handicapée et non seulement malade, afin d’éviter qu’il ait peur de disparaître au moindre petit rhume. Je voulais aussi à tout prix taire les explications du type « elle s’est endormie », pour ne pas qu’il développe une crainte de se laisser aller dans les bras de morphée le soir venu.
Je ne savais toutefois pas comment lui expliquer où était cette sœur qui faisait partie de son histoire, mais qu’il n’avait jamais vue en chair et en os.
Je lui ai donc dit qu’elle se trouvait au ciel et qu’elle prenait probablement soin de nous de son nuage. Un soir, il a pointé la plus brillante étoile du ciel en me disant : « regarde maman, c’est Béatrice! ».
J’étais, somme toute, assez fière de mes explications.
Mon fils a maintenant 4 ans. C’est un garçon brillant, qui fait trop très souvent preuve d’une logique et de questionnements étonnants pour son âge. Je n’ai donc pas été surprise qu’il me demande, alors que nous étions dans l’avion vers la Nouvelle-Zélande, pourquoi il ne voyait pas sa grande sœur dans le ciel. Je n’étais également pas étonnée qu’il s’interroge, quelques jours plus tard, sur le moyen qu’elle a pu utiliser pour monter jusqu’au ciel.
Il n’y a pas si longtemps, l’idée que sa grande sœur se repose sur un nuage semblait le satisfaire. Ce n’était toutefois plus le cas et je devais donc trouver une explication plus logique à ses yeux. Mais comment lui expliquer l’inexplicable? Comment lui expliquer ce que je n’étais moi-même pas en mesure de comprendre?
Je lui ai donc répondu, le plus honnêtement du monde, que je n’avais tout simplement pas la réponse à cette question. Je lui ai dis qu’en raison de son handicap, le corps de sa sœur ne fonctionnait plus et que, pour le reste, personne ne savait. Je voulais aussi qu’il sache que l’essentiel est qu’elle soit toujours présente dans nos cœurs. Que le reste importe peu.
Pour l’instant, cette réponse semble lui suffire. Par contre, je crois que d’autres questions suivront au fil des ans et que je n’ai pas fini de me creuser la tête pour trouver des réponses logiques et satisfaisantes!
Comment expliqueriez-vous la mort à un enfant? J’ai grandement besoin de vos idées!