On va se le dire bien franchement, en tant que jeunes parents, ce que nous perdons en sommeil, nous devrions le gagner en cardio, parce que nous sommes toujours à la course!
Le matin, on se dépêche. On réveille les enfants, on prépare le déjeuner, on fait une conférence de motivateur pour que les mini daignent ingurgiter le dit déjeuner. On prépare le lunch («Ah non! Pas ça!») Ensuite, c’est le moment d’affronter avec calme des petits corps qu’on dirait faits de ressorts pour habiller la marmaille.
-Je relate tellement avec ce personnage de Sing!-
On regarde l’heure, pour se rendre compte qu’on a sept minutes de retard sur l’horaire. Hop! On va en porter deux à la garderie, un à l’école, entendre à la radio qu’il y a congestion routière sur le SEUL chemin pour aller au boulot (ou bien attendre un autobus qui ne passera jamais). Arriver en retard au boulot, le ventre vide, avaler un café/bagel vite fait (des fois même d’une seule shot pour les deux, genre de smoothie cheap des temps modernes!).
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Et là, on rush toute notre journée parce que, c’est prouvé, les parents de jeunes enfants ont la productivité dans le tapis. Pas ben le choix me direz-vous, et vous avez raison, on n’a pas le temps pour la procrastination! Pour celles et ceux dont les enfants sont en milieu familial (comme moi), faut aller les chercher avant 17h, ce qui fait en sorte qu’on dîne souvent devant l’écran, un sandwich d’une main, les courriels de l’autre.
Et après, c’est loin d’être fini! Après avoir ramassé, l’un à l’école (« trop tôt! Je n’ai pas eu le temps de m’amuser dans le gymnase! ») et les autres au service de garde (quelques minutes en retard, « je ne le referai pas juré… jusqu’à demain! »), il faut préparer le souper (« Ah non! Pas ça! »), faire la vaisselle, donner le bain/douche, mettre les pyjamas, lire l’histoire (…ok, LES histoires!) et passer au dodo. Je ne parle même pas de l’entretien ménager ici parce que ça devient franchement déprimant! À travers tout ça, ce serait pas mal aussi de passer du bon temps avec nos amours, parce que comme n’importe quelle course, ça va trop vite!
Je ne sais pas pour vous, mais juste d’écrire ce texte m’a épuisé. Je suis certain qu’un nombre important d’entre vous y ont reconnu leur situation. Est-ce acceptable que ce soit normal? Il me semble qu’il pourrait y avoir un autre modèle non?
Un autre modèle de société?
Et là, j’en entends qui disent : « t’avais juste à pas avoir d’enfants! » Sauf que non, en fait (et accessoirement, va donc jouer dans un pit de sable dans le coin de Ste-Adèle habillé en chevreuil personne qui dit ça). Je suis en pleine relâche avec mes trois amours en ce moment et c’est le bonheur complet! Le problème, c’est l’organisation du travail. Le problème c’est le présentéisme (cette satanée valorisation de la présence au bureau à tout prix). Le problème, c’est que pour beaucoup d’employeurs, la conciliation travail-famille, ça se limite à pouvoir s’absenter sans salaire quand son enfant est malade.
Et si on repensait cette conciliation? Si on valorisait collectivement le fait d’avoir des enfants? Parce qu’avoir des enfants, c’est contribuer au développement de la société. Ce n’est pas un problème individuel et la solution ne réside pas en l’achat d’une application de gestion du temps.
Il faut viser un changement de culture de la société, des entreprises et des institutions. Je ne sais pas pour vous, mais la seule façon que je connaisse pour qu’un tel changement advienne, c’est l’action collective. Et si on arrêtait de courir? Êtes-vous partant.e.s?