Y a rien de beau dans ce que j’ai à vous raconter. Oui, l’accouchement s’est bien passé. Oui, moi et mon enfant on s’est rencontrés, on s’est découverts pis on s’est aimés. Mais c’est pas du tout le propos de mon texte aujourd’hui.
J’vais vous parler de sang, de déchirure, de cicatrices et de couleurs bizarres.
À la naissance, la docteure et les infirmières étaient ben fières de me dire que je n’avais besoin que d’un seul point (ben, je pense, c’est ce dont je me souviens). Presque pas de déchirure, moi je m’imaginais que toutes ma mécanique était en pas pire état pour quelqu’un qui vient de passer un bébé par un chemin qui a clairement des devoirs à faire pour optimiser le passage des bébés pour le futur de l’espèce.
La docteure met sa main sur mon ventre et appuie légèrement. Sploutch. Sur le plancher. Du sang, du sang et encore du sang qui ne sera moppé que 4 heures plus tard alors que je me lèverai pour aller faire mon premier « peupi » (j’ai accouché dans un hôpital où notre chambre d’accouchement est aussi notre chambre privée pour la durée de notre hospitalisation).
C’est en entendant ce sploutch que je me suis dit que j’étais pas en si bon état que ça.
Que ça avait saigné. Que ça avait déchiré. Que ma zone génitale ne ressemblerait plus jamais à celle que j’avais connue pendant toutes ces années.
On m’a recousue comme on a pu, j’ai encore aujourd’hui des bourrelets de p’tite peau qui sortent d’où c’était parfaitement lisse avant.
J’ai une petite lèvre fendue en deux qui pendouille bêtement comme un p’tit drapeau au vent.
Ma vulve a des couleurs vives et bizarres qui ne sont jamais vraiment parties. J’passe pas des journées à me regarder, mais quand ça arrive, je ne reconnais pas ce que je vois.
Je suis revenue chez moi avec l’impression d’avoir un ballon de football entre les deux jambes. J’ai marché avec la grâce d’un rhinocéros en tutu pendant 2 ou 3 semaines, mais je me disais qu’une fois l’enflure partie, le dommage fait à ma zone équatoriale partirait aussi.
Wrong… tellement tellement wrong. Le doigt dans l’œil jusqu’au coude.
Je ne dis pas que j’ai honte, que je trouve ça laid ou que je rêve de chirurgie plastique. Ça serait mentir. Je suis fière de mes marques de tigresse et de mes cicatrices.
Je dis juste que si vous aussi vous avez la cour de récréation maganée transformée par votre accouchement et que vous n’avez pas osé en parler avec votre mère ou vos amis.es, vous n’êtes pas toute seule.
C’est le secret (pour certaines) qui nous unit toutes.