Pour la liberté d’enseigner et contre le projet d’obliger les enseignant.e.s à retirer leurs signes religieux
Fannie D.J’ai passé tout mon primaire dans une école catholique. Certaines enseignantes étaient des soeurs. On faisait la prière au moins une fois par jour et on assistait à plusieurs messes pendant l’année. Dieu (pun intended) sait que je ne suis pas devenue croyante pratiquante pour autant. De ce que j’en sais, aucune des anciennes camarades à qui je parle encore n’est devenue religieuse, mais ce n’est pas une statistique fiable ce n’est pas mon point. Mon point, c’est que quand je parle à des gens de mon éducation primaire, par des soeurs avec des voiles sur la tête, personne ne monte aux barricades ou ne lève même un sourcil.
Je suis donc assez surprise du besoin viscéral d’enlever tout signe religieux chez les enseignantes (au féminin, à cause du fait que le nombre l’emporte et parce que ce sont elles les personnes visées par le projet de loi de la CAQ).
Les écoles publiques sont laïques, comme la société québécoise, mais les individus ont chacun leurs croyances. Ce projet m’étonne aussi dans un contexte où non seulement on manque de personnel enseignant, mais qu’en plus le premier ministre veut implanter des centaines de nouvelles maternelles 4 ans. Je trouve également injuste que les enseignantes visées perdent leur emploi, et que celles qui étudient en ce moment dépensent en vain leur temps et leur argent… sauf si elles réussissent à se faire engager dans les écoles privées qui ne seront pas touchées par la loi. Même si ces mêmes écoles étaient – et sont parfois encore – ouvertement de confession souvent chrétienne. Et il est un peu paradoxal que les enfants après l’école aillent quand même au service de garde où bien souvent des femmes musulmanes voilées y travaillent. Enfin, notons que tout ce projet de loi se fait sous l’oeil du petit Jésus accroché au crucifix de l’Assemblée nationale.
Et le prosélytisme? Pas besoin d’afficher un signe religieux pour en faire. Patrick Lagacé a parlé cette semaine d’une chargée de cours qui explique à ses étudiants que tout vient de deux sources : Dieu et Satan. Qu’elle porte ou non un signe religieux ostentatoire – Lagacé ne l’indique pas – son message passe par ses mots, son enseignement.
Je souhaite une belle semaine des enseignants et enseignantes à tous ceux et celles qui travaillent à l’éducation de nos enfants. Et j’aimerais beaucoup que la priorité du gouvernement soit moins de réglementer la tenue du personnel enseignant et plus de les soutenir dans leur travail avec un apport en ressources et en budget.