Pas de légumes.
Pas de sauce sur ses pâtes.
Pas de fines herbes qui font des traces vertes dans son beau riz blanc.
Pas de légumineuses (même déguisées, écrasées, en purée).
Ma fille mange blanc et plate puis ça me rend à boutte.
À BOUTTE.
Y’a pas de doute, depuis qu’elle est là, notre alimentation a changé. D’abord, parce qu’on avait pas trop le temps de manger nous-mêmes, le temps de prendre soin du petit bébé. Ensuite, on a introduit les aliments en faisant de la DME donc on mangeait nous aussi l’aliment vedette du jour. Puis elle s’est mis à manger de tout et c’est après que ça s’est mis à empirer.
Après 5 ans, elle mange FUCK ALL.
Tous les jours dans son Planitou de la garderie, je me fais dire qu’elle a boudé son repas, qu’elle n’a mangé que 2-3 pommes.
Crisse, je n’peux pas la gaver, quand même! Peser sur son pied en espérant que sa bouche ouvre pour la farcir de 3 kilos de bouffe de MON choix!
J’avais la certitude qu’il n’y avait que deux trucs qu’on ne pouvait forcer chez un enfant : le sommeil et le caca.
Mais non, en fait y’en a 3. Je ne peux pas la forcer à manger non plus. Elle goûte, c’est déjà ça, mais après cette première mini bouchée qui contient une dizaine d’atomes tout au plus, elle fait sa célèbre face de dédain, sort un chapelet de yark-eurkh-gag-bleurgh qui laisse mon mari et moi totalement pantois.
On a tout essayé. La technique « t’auras rien d’autre », le classique « force-toi » et, inévitablement, l’abandon au jambon, l’assiette différente des autres parce qu’à un moment donné, la famine, ben, on commence à y croire et que sa diète de pommes et d’oranges a toujours ben des limites (au moins, elle ne mourra pas du scorbut, on prend le positif où on peut).
Je sais que tous les enfants ont des passes. Qu’ils sont difficiles puis, ensuite, une mouche les pique et ils deviennent des petits gloutons gourmets en herbe. Mais j’ai-tu le droit de trouver ça long et plate en attendant?
Je regarde son assiette et je me sens poche. Poche de lui servir des pâtes au beurre. Son p’tit poulet tout-nu-tout-seul me fait pitié. Son assiette vide en visite (parce qu’elle ne mange que ce qui sort de ma cuisine le reste lui met le cœur au bord des lèvres) m’enrage ou m’attriste, ça dépend si la date est paire ou impaire.
J’appréhende les lunchs comme c’est pas possible. Je vois déjà la belle boîte So Young revenir pleine, à peine entamée, boudée avant même qu’elle n’ait révélé tous ses délicieux secrets (à moins qu’elle ne révèle un ostie de plat de pâtes blanches chaque midi).
J’t’exaspérée, l’aviez-vous deviné? Même son gâteau d’anniversaire a subi un découpage électoral injuste, elle n’a mangé que le gâteau en creusant le crémage (fait maison et exquis, dois-je avouer) sans y toucher d’un pouce. Du crémage! Quel enfant évite le crémage? QUEL?
Bon, je sais, j’vais me calmer le pompon et accepter que ça passera, qu’elle mangera bien un jour du camembert, du foie gras et de la sauce carbonara mais d’ici là, bondance! que la table est triste, que les pâtes sont blanches que la viande est inacompagnée.