Je ne suis pas une personne anxieuse, je ne me stresse pas avec grand-chose. J’ai la chance de pouvoir appliquer le dicton « on traversera le pont quand on sera rendu à la rivière » à mon quotidien.
Je suis aussi relaxe dans ma vie professionnelle que personnelle. C’est un trait de personnalité que j’espère transmettre à mes filles, car je crois qu’il m’aide à rester positif dans ce monde où tout est là pour créer de l’anxiété.
Récemment, j’ai cependant remarqué une émotion nouvelle qui a fait son apparition dans mon quotidien : la culpabilité. Pas tout à fait comme le stress, mais quand même très désagréable, j’avais réussi à ne pas trop lui laisser de place dans ma tête.
Il faut dire que la culpabilité est arrivée en même temps que le mode de vie zéro déchet, l’alimentation végane, la consommation locale, équitable et bio, ainsi que la réduction des transports. Ce n’est pas un hasard.
C’est que j’ai joint plusieurs groupes Facebook où les gens partageaient leurs succès et leur solution à tous les problèmes imaginables. En gros, je voulais des groupes pour me soutenir dans mes changements de vie, j’ai plutôt trouvé des endroits où mes difficultés semblaient ridicules et, comme il y avait des solutions à tout, je n’avais AUCUNE excuse pour être imparfaite.
Je me suis mise à me sentir hyper mal d’acheter un shampoing à la pharmacie parce que les shampoings en vrac me donnaient une tignasse de paille. J’étais envahie par la culpabilité immense à l’idée de ne pas faire moi-même mes craquelins bio-locaux-naturels pour, à la place, flancher en faveur de l’option « acheter des goldfish à l’épicerie ».
Je lave mes couches seconde main ainsi que tous les vêtements pleins de pipi de ma fille parce que ça coule souvent. Je fais l’épicerie à 12 endroits différents et je fais ça à pied.
Je suis fatiguée. Je me dis parfois que ce serait plus facile et plus simple de ne pas avoir de conscience sociale et de me foutre de l’impact de mon style de vie sur l’environnement et l’économie sociale. Mais non. Je persiste et je continue de faire tous les petits gestes quotidiens qui correspondent plus à mes valeurs qu’à mon niveau d’énergie.
Une chose a changé : je ne suis plus sur tous ces groupes Facebook. J’ai arrêté. Ils me faisaient sentir trop mal, la culpabilité de ne pas être « la plus végane », la plus « zéro déchet », « la plus locale », c’était trop pour moi. Souvent, c’est moi qui me mettais cette pression, parfois, c’était le groupe. Parce que, si on mange uniquement local, bio, non-transformé et végane en décembre au Québec, bien, on a le scorbut.
En prenant ce recul, je me donne le droit d’être la meilleure version de moi-même, toujours en quête d’améliorations, mais qui ne peut faire que de son mieux. Ce n’est pas une pause des réseaux sociaux, c’est un choix. Je suis les gens et les groupes qui me font du bien, qui m’aident à devenir plus cohérente avec mes valeurs sans être découragée du chemin qu’il me reste à parcourir.
Je vous encourage à faire la même chose!