Je vous ai déjà, dans un texte précédent, entretenu de la fois où mon travail m’a menée loin de mes responsabilités familiales durant six jours. Voici la suite de cette expérience et les deux jours où plutôt que de profiter de ce temps d’arrêt, la panique c’est au contraire, totalement emparée de moi.
Jour 3
Il est tombé plusieurs centimètres de neige et la joggeuse en moi est loin de trouver ça bucolique. J’annule ma course qui m’aurait pourtant procuré un bien infini. Je m’ennuie des enfants et le sentiment est terrible. Pour faire exprès, le Salon du livre (c’est là que je me cache depuis l’ouverture) pullule de parents qui déambulent à travers les masses de livres en admirant leur progéniture intriguée et curieuse. Je suis triste et ma fille, en pédagogique ce jour-là, se paye une ride d’autobus jaune sur les routes enneigées. Ça m’inquiète, je n’en parle pas. J’ai le cœur gros.
Et à la nano seconde où elle est sensée avoir regagné l’école saine et sauve, (15h35 précisément) j’appelle à l’école. Elle est là. Mon cœur se désengorge un peu.
À 18h00 je reçois un texto de mon chum, ils sont tous les trois au resto. Ils sont heureux. Ils sont bien. Sans moi.
Je suis trop fatiguée pour que ça me chagrine réellement, mais oui, j’ai de la peine.
Jour 4
C’est la journée de la parade du père Noël. Même si je hais cet événement, j’avoue m’y être déplacée souvent avec les enfants. Se frayer un chemin en poussette est aussi périlleux que de survivre à un sevrage de fentanyl. Cette année je ne pourrai pas y aller. Cette année, je suis ici, accumulant les heures de travail loin de mes petits.
En milieu de matinée, un texto de mon chum rentre : « Les enfant sont inscrits aux cours de patin. Début en janvier. À + »
Les cours de patins!?! Ça fait des dizaines de jours qu’on en parle. Que je lui répète que j’irai vérifier sur Internet, mais que je n’y vais pas. Des dizaines de jours que je pellette par en avant cette inscription et la décale constamment dans mon agenda. Mon chum a pris le temps d’y penser. Les voilà inscrits, sans que je n’aie eu à lever le petit doigt.
MAIS OÙ EST PASSÉE MON ANGOISSE PARENTALE?
Je pourrais me reposer, laisser entre les mains de mon chum l’entièreté des responsabilités familiales avec toutes les émotions qui viennent avec, mais c’est plus fort que moi. Malgré la distance, la culpabilité se fraye un chemin de mon cœur à mon cerveau et finit par me faire sentir comme une très vilaine mère avant même que j’aie le temps de me ressaisir. Car je réalise que la plus grande ennemie n’est pas la charge mentale elle-même. La plus grande ennemie est la culpabilité qui me gruge jour et nuit, celle de ne pas être à la hauteur des attentes.
Les attentes de qui au juste? Sans doute les miennes.