Récemment, une amie s’est inscrite sur un site de rencontres (Tinder, pour ne pas le nommer). Après un souper avec elle, où l’on a passé quelque temps à « flipper » des photos, j’ai trouvé le tout quand même comique. Moi qui ai toujours eu une aversion profonde pour ces applications, je me suis laissée convaincre, me disant que ça allait être divertissant. Pour l’être, ça l’a été! L’amie et moi, on a passé quelques jours à s’envoyer nos « prises du jour » (noter ici toute l’ironie du propos).
La semaine suivante, nous nous sommes retrouvées, avec nos enfants cette fois-ci. En débarrassant la table, je ne me souviens plus laquelle des deux a discrètement montré la bouille d’un de ces spécimens virtuels à l’autre. Sans trop penser au fait que notre marmaille a vieilli et qu’elle a l’œil vif.
« Vous regardez quoi?! »
Nous voilà donc, avec nos ados/pré-ados, collés devant l’écran, à observer la succession de photos. Parfois de gentils commentaires, parfois des critiques constructives sur le choix d’images… mais plus souvent qu’autrement de grands éclats de rire et beaucoup, beaucoup de jugements.
Et c’est là que j’ai commencé à éprouver un profond malaise.
Qu’étions-nous en train de faire au juste? Les inciter à se moquer gratuitement des gens? À sévèrement juger ceux-ci sans retenue? Et faire de la surenchère, parce qu’on est en groupe et qu’on s’entraîne l’un l’autre? Tout ça bien à l’abri derrière un écran?
La rigolade avait assez duré.
Qui plus est, relationnellement parlant, ce qui me répugne profondément de ces sites, eh bien c’est exactement ce que je leur montrais. Se « magasiner » un amoureux comme on magasine un vêtement sur un site en ligne. À noter que je n’ai RIEN contre ces sites et les gens qui y trouvent leur compte. Je dis juste que, pour ma part, c’est un non-sens de baser mon jugement d’un individu sur une simple photo. Il me fallait prêcher par l’exemple, selon mes valeurs.
Je ne vous surprendrai donc pas en disant qu’une bonne discussion s’en est suivie, que l’application ne figure plus sur mon portable… et que mes enfants ont gentiment recommencé à me taquiner sur ma « vie amoureuse de marde ».
Tout va bien!