Ça a commencé en juin.
Les filles viennent d’avoir sept mois. Ça va de mieux en mieux, je me sens en contrôle de ma vie pour la première fois depuis longtemps. Deux jours de suite, je me mets à avoir mal au ventre. Une sensation de trop-plein. L’impression que mon estomac est en béton. J’ai de la misère à respirer. Je me couche pour essayer de faire passer ça. Yes, ça marche.
Je passe trois ou quatre semaines sans expérimenter cette douleur à nouveau. Puis je me réveille un soir en ne me sentant pas bien du tout. Même chose que la dernière fois, mais puissance dix. Ça brûle partout dans mon ventre. J’ai tellement mal que ça m’irradie partout dans la colonne vertébrale. J’ai l’impression qu’Hugo Girard me squeeze les vertèbres. On appelle mes beaux-parents pour qu’ils viennent passer la nuit, je dois aller à l’hôpital. Déjà au triage, je me sens jugée. « Une autre grosse qui a trop mangé et qui vient se plaindre du mal de ventre ». L’infirmière cache mal son irritation et me répond que c’est plus qu’évident que c’est à cause du Saint-Hubert que j’ai mangé pour souper. J’insiste, je veux voir un médecin. On me donne un mélange de maalox et de lidocaïne en attendant. Ça ne fonctionne pas. Huit heures plus tard, on me prescrit un antiacide et une échographie abdominale. Mes prises de sang sont belles. Mes symptômes sont embêtants, on hésite entre une gastrite ou des pierres à la vésicule biliaire.
Je suis retournée au moins quatre autres fois à l’hôpital. À chaque fois, j’avais autant sinon plus mal qu’à mon accouchement, mais j’avais l’impression de ne pas être prise au sérieux à cause de mon poids et du fait que je ne pleurais pas. À chaque fois, les prises de sang sont belles. On finit par me faire une échographie abdominale. On voit deux pierres dans ma vésicule biliaire. Pas de diagnostic officiel encore, paraît que la moitié de la population a la vésicule pleine de pierres et ne sont pas symptomatiques. Peut-être que c’est mon cas…
Une ultime visite à l’hôpital. Trente-six heures en crise ininterrompue. Morphine et dilaudid. Quatre jours d’hospitalisation. Deux échographies abdominales. Enzymes hépatiques élevées. Une échographie endogastrique. Le diagnostic tombe enfin, je fais des crises de vésicule biliaire. Sauf que cette fois, l’une d’elles est restée prise assez longtemps pour affecter mes prises de sang. Quatre jours à l’hôpital, j’ai trouvé ça très long. Je pleurais non-stop parce que je me sentais dont vulnérable et que je m’ennuyais de mes bébés. J’aurais tellement voulu être chez moi avec elles à les bécoter et les serrer fort.
Comme aucune pierre n’est prise dans un canal et que ma vésicule n’est pas enflée, je ne suis pas un cas d’urgence. Je serai donc opérée dans deux semaines. S’en suivra une période de six semaines où je ne pourrai pas soulever mes bébés. C’est un sacrifice à faire pour ne plus me coucher angoissée le soir. Pour ne plus vivre avec cette peur sourde dans le creux du ventre de refaire une crise.
Il paraît que les femmes ayant eu des enfants sont statistiquement plus à risque de connaître ce type d’ennui de santé. Avez-vous eu des problèmes de vésicule biliaire suite à votre accouchement? Comment ça s’est passé pour vous? Si vous êtes en surpoids, avez-vous subi de la grossophobie en lien avec votre diagnostic?