À côté de ma séparation de marde avec mon ex qui refuse que j’aie les enfants à la fête des mères, j’ai rencontré une personne fabuleuse. C’est comme si la vie m’avait envoyé le meilleur et le pire et m’avait dit « arrange-toi avec ça, fille, fais-toi une moyenne ».
C’est la première fois que je ne suis pas avec Le Père de Mes Enfants. À partir de là, je ne sais pas comment faire, je n’ai pas de mode d’emploi.
J’ai commencé à le voir quand je n’avais pas les enfants. Un moment donné, ça devenait psychotique : ma vie de femme d’un côté, de mère de l’autre, séparées par des frontières invisibles. J’avais envie de conciliation femme-nouvellement-amoureuse et mère-en-garde-partagée. Et puis parfois, on se voyait une fois les enfants couchés. Je me sentais alors comme un agent double, ou une maîtresse, faisant entrer mon amant en cachette.
Il y a aussi une partie de paresse, d’envie d’aide. J’étais au bout du rouleau et je trouvais ça tellement tough de me retrouver seule avec mes deux enfants. La garde partagée c’est weird : Je m’ennuie à mort de mes enfants quand elles ne sont pas là, et quand je les ai, une heure après je suis déjà épuisée. Le plus dur de la séparation a été pour moi de perdre cette danse à quatre mains, quelqu’un-qui-donne-le-bain-pendant-que-l’autre-fait-la-vaisselle. Ce nouvel amoureux offrait son aide pour faire un souper, un brin de ménage, des choses qui me libèrent le temps et l’esprit. Au début, je disais « non merci » mais un moment donné, j’ai dit « fuck, oui! »
Je me suis donc décidée pour l’introduction progressive. Aliments solides, nouvel amoureux, même combat. Il a commencé par venir certains soirs, après le souper. Puis il est resté certains matins. Puis on a fait des activités ensemble. Chaque fois qu’il était là, j’étais plus relax, plus disponible pour mes petites. Sans compter qu’elles préfèrent sa bouffe, grrrr. Et le boutte du boutte, c’est qu’on on est partis une semaine en camping tous ensemble. J’ai beau me croire superwoman, je ne serais jamais allée si loin, si longtemps, sans son aide. Je lui dois mes photos Instagram d’enfants courant joyeusement sur la plage et plusieurs moments magiques.
Un jour, ma grande nous a vus nous embrasser. « Vous vous embrassez donc vous allez vous marier? », qu’elle a demandé avec une logique de contes de fées. Le lendemain, elle m’a demandé « Est-ce qu’on va aller vivre chez ton amoureux? ». J’ai rassuré ma petite angoissée. Nous allions rester chacun dans notre maison et se faire des visites de temps en temps. Il serait présent des fois, mais pas tout le temps, histoire de se garder des moments bien à nous.
Même si je n’étais pas prête à me garrocher dans un couple, encore moins dans une famille reconstituée, il fait maintenant partie de notre paysage. Elles le réclament et sont heureuses de le voir. J’ai quand même toujours la chienne que ça vire tout croche, que ça fuck mes filles, de leur faire vivre un abandon et des années de thérapie. Ça laisse un millier de questions en suspens. Mais bon, on va prendre ça une bouchée à la fois.