Lorsque nous avons décidé de quitter le Québec pour les États-Unis (première partie ici), on s’attendait à vivre une période d’adaptation, mais on ne pouvait pas imaginer ce qui chamboulerait le plus nos habitudes.
À notre arrivée à Cleveland, après 16h de route quasi non stop, nous étions épuisés. À première vue, notre nouvelle maison est décevante : des stores brisés, le balcon arrière en état de décomposition avancée, la porte du garage qui ne ferme pas entièrement… On se demande si on n’a pas fait une grave erreur en louant une maison pour 6 mois sans l’avoir vue au préalable. Mais nous n’avons plus le choix, il faut s’installer. Notre helper (merci encore Marc!) nous quitte dans deux jours, pas de temps à perdre. On fait un ménage rapide et on place les meubles, en courant après notre 18 mois qui est ultra excitée par les nouveautés.
Après quelques jours à découvrir les (trop) nombreux fasts-foods du coin, on se rend à l’épicerie. Expérience très déstabilisante, parce qu’aux USA, chaque ville a ses propres bannières d’épicerie, contrairement au Canada où on trouve les mêmes bannières partout. Plusieurs ressemblent à de gros dépanneurs : du fast-food, des desserts, pas de bio ni de produits spécialisés, même pas de lait d’amande… Ça s’annonce mal, nous qui cuisinons beaucoup et mangeons peu de produits transformés. Il aura fallu visiter sept épiceries avant d’en trouver une qui convienne à nos besoins.
Étant donné la proximité entre l’Ohio et l’Ontario, on croyait que les entreprises étaient habituées à dealer avec des Canadiens fraîchement arrivés dans leur état. Erreur!! Notre statut de Canadiens-résidants-aux-États-Unis nous fait faire des steppettes partout où on va. Parmi les situations les plus exaspérantes, on doit :
- Payer un dépôt de sécurité pour avoir accès à l’Internet à la maison
- Faire valider notre identité par un notaire pour faire brancher l’électricité (oui oui!!!)
- Repasser nos examens de conduite de A à Z.
Mais ce n’est pas ce que je trouve le plus difficile. Écouter la télé en anglais et parler à l’occasionnel client anglophone est une chose. Vivre en anglais en est une autre. Je me rends rapidement compte que j’ai perdu la majorité de mon anglais de conversation. Je ne comprends pas bien l’accent local et j’ai de la misère à aligner deux mots cohérents quand on me pose une question. Moi qui me croyais bilingue!! Ça me prendra un bon trois mois avant d’être complètement à l’aise pour parler à d’autres parents au parc ou au commis à l’épicerie.
Mais la vie suit son cours et les bons côtés de notre périple commencent à émerger. Le climat plus chaud nous permet de sortir en t-shirt en février. On comprend maintenant comment la ville fonctionne et on se déplace sans GPS. On a des parcs et restaurants favoris. La proximité avec la faune est incroyable. Même en pleine ville, on croise des chevreuils chaque jour dans notre cour. Chéri réalise son plein potentiel et apprend beaucoup dans son nouvel emploi et j’ai la chance de voir ma cocotte grandir et découvrir le monde.
Au total, j’aurai eu besoin de 4 mois pour m’acclimater complètement à notre nouveau chez-nous et me sentir à l’aise dans toutes les situations qu’on rencontre en tant qu’expatriés. Nous sommes maintenant partis depuis 7 mois et nous n’avons aucun regret quant à notre choix. Notre petite famille est plus unie que jamais, on retourne au Québec pour deux semaines cet été et la vie nous a fait le beau cadeau d’un bébé bedon prévu pour cet automne. Que demander de plus?