Le premier camping de l’été en famille, c’est le pire. Je dois me le répéter à chaque heure lorsque je perds patience, que je cris, que je me demande franchement pourquoi nous nous imposons ça : c’est un apprentissage pour tout le monde.
Il y a d’abord les enfants qui sont certains que le camping c’est l’équivalent de la Tribu qui pue. Dans leur tête, tout est permis en ces lieux. Même les règles de base assurant leur sécurité physique semblent devenues optionnelles.
La première journée de camping pour les adultes, ce n’est donc pas seulement pour s’éreinter et s’obstiner en montant la tente. Notre responsabilité parentale est aussi de mettre des limites aux pulsions libertaires de la progéniture. Et ça, c’est une tâche constante qui tire du jus.
Surtout quand ces mêmes adultes se sont couchés tard et levés tôt pour préparer les bagages et jouer à Tetris avec tout l’équipement à placer dans une Yaris aucunement conçue pour la vie familiale en plein-air. Dans ces moments-là, pratiquer la compassion pour soi (ou boire beaucoup de café) est nécessaire.
L’adaptation se fait aussi dans l’absence de routine. Des enfants qui ont l’habitude d’être dirigés dans leurs jeux et de manger à des heures précises peuvent se sentir déconcertés lorsque leur cadre de vie est moins régimenté. Toute la famille a alors besoin de trouver un équilibre entre le répit parental mérité, l’apprentissage de l’autonomie et l’animation digne d’un camp de jour à laquelle peuvent s’attendre certains petits. Je vois ça comme une initiation à la vie collective et au rythme en nature.
Et quand le voyant rouge de la patience est allumé, il est toujours bon de tendre l’oreille en direction des terrains avoisinants pour constater que les autres parents vivent une fin de journée aussi « agréable » que la nôtre. Je ne manque pas de leur faire un signe de tête qui veut dire « Je te vois parent à bout et je suis solidaire de l’aventure que tu vis. Bravo pour les efforts que tu y mets! »
Nous souhaitons peut-être transmettre une passion à nos enfants, leur faire vivre de bons moments, leur donner un bain de nature ou créer des souvenirs familiaux durables. Leur montrer que leurs parents sont des humains ayant également des limites est une leçon de vie toute aussi importante.
Au bout du compte, si les expériences positives ont été plus nombreuses que celles qui figurent dans la colonne « à oublier », la première journée de camping peut être considérée comme un prélude nécessaire dont les apprentissages faciliteront les autres séjours à venir.