Avec les dernières années, sur Internet, j’ai pris l’habitude d’essayer de faire des articles plus complets. C’est comme une habitude : je dis mes privilèges et ensuite je donne mes trucs. Je vais expliquer que ma photo, c’est un moment d’une seconde que j’ai capturé avec mon téléphone parce que j’étais à la bonne place au bon moment, pis c’est tout. Ou bien, je vous partage des moments de ma vie, je vous raconte presque tout, pis ça serait le fun que ce soit juste ça.
Quand on s’expose sur Internet, c’est impossible de ne pas recevoir des commentaires pour chaque fait et geste. Je donne une recette et on me dit que j’ai tort si je change un ingrédient ou deux. J’explique comment je passe l’aspirateur, pis on me fait un commentaire sur le biberon de mon fils (« Ton fils ne boit pas au gobelet, WHAT A SHAME! »). C’est constant. Et, un des problèmes, c’est que je ne vois pas toujours ce qui pourrait clocher. Je ne vois pas tous les angles morts qui pourraient faire qu’on me critique.
Ça peut être de vouloir me lancer dans le projet de trier les livres de ma bibliothèque par ordre alphabétique (« Es-tu folle criss, ça doit être fait par genre, inculte! ») ou d’utiliser tel produit de bain pour mes enfants (« As-tu pensé aux perturbateurs endocriniens?!? ») ou juste de manger de la crème glacée (« Maudite chanceuse de fille qui ne peut pas boire de l’alcool, je ne peux pas croire que tu manges du lait de vache, innocente! »)
Tout devient politique. Les bagages de Josiane pour deux semaines en Finlande le sont. Le fait que je dise que je suis soloparentale une semaine (en pensant bien faire selon un texte de TPL Moms qui date de longtemps), ça l’est aussi. On rigole sans cesse de mes choix, de la compréhension que j’ai d’un concept ou des termes que j’utilise. Pis guess what, je suis fatiguée et j’ai plus de patience.
J’ai souvent envie de ne plus rien dire. C’est tannant. C’est tannant de voir des gens me critiquer tout le temps pour tout. Je devrais être flawless, tout en restant humaine. Ne pas montrer une seule faiblesse, mais rester authentique. C’est fatigant de vouloir partager des moments franchement insignifiants, comme aller prendre un café ou un chocolat chaud, et d’avoir peur que quelqu’un quelque part veuille me faire la morale.
Je partage mes problèmes de santé mentale, mes petits problèmes du quotidien pis tout le tralala depuis des années, mais là, je suis vraiment rendue tannée qu’on me dise des commentaires pas nice sur des affaires que je partage. J’en viens à ne plus savoir quoi partager. J’ai-tu le droit de mettre ce look-là en photo ou je vais me faire traiter de conne de porter une salopette en jeans enceinte (true story)? Est-ce que je peux mettre cette soupe tonki sur ma page ou je vais me faire dire que je suis dégueulasse, ni plus ni moins?
Quand je vois Alexandra Larouche devoir faire une mise à jour de ses stories Instagram pour dire que son bain, elle ne le prend pas trop chaud, je me dis peut-être que ça va trop loin. Peut-être que c’est rendu trop. Peut-être qu’avant de commenter ou de dire quelque chose, on devrait se demander si c’est nécessaire.
Les réseaux sociaux renferment un million de belles choses, mais constamment se faire rappeler par les personnes qui nous suivent qu’on n’est pas parfaites, que notre enfant d’un an a pris la queue du chat pis que « OMG, c’est pas drôle » ou bien qu’on a donc bien l’air fatigué ou bien que c’est donc bien pas la bonne façon de couper des carottes… ça épuise. Ça crée du bruit pas nécessaire sur des moments qui devraient juste être beaux d’être partagés.
Le monde chiale sur les mères Pinterest, sur l’uniformisation des standards, sur la surutilisation des filtres, sur les instababes, sur les influenceurs qui se ressemblent tous, cependant, c’est souvent les premières personnes à pointer du doigt la minute qu’on fait de quoi de mal (ou de bien).
Je ne suis pas obligée dans la vie de partager des moments de ma vie personnelle, je le fais pour inspirer et donner un peu d’espoir, sincèrement. Aussi pour montrer des photos des gens que j’aime, pour donner des trucs harmless aux parents ou pour parler de vêtements, parce que c’est une passion. Genre, je ne fais pas ça pour recevoir tout le temps de la pression ou me faire dire constamment que je ne suis pas correcte. C’est lassant.
Pis malheureusement, je n’ai pas l’énergie pour ça. Donc, avant de commenter quelque chose durement ou de dire de la marde, je ne sais pas, dites-vous ou demandez-vous ce que ça vous ferait de vous faire dire des affaires comme ça. Parce que moi, oui, ça me dérange. Pis j’ai décidé que cette année, je vous réponds ou j’efface le commentaire, pis je vous bloque. Un moment donné, ça va faire.
Pis là, je trouve ça incroyable, parce que je finis d’écrire ce texte et je me dis, coudonc, est-ce que je vais encore me faire ramasser? Peut être, mais il n’y a pas meilleur moyen de faire passer le message que ça doit cesser.