22 décembre dans une urgence d’un hôpital pour enfants. On sait que notre bébé ne va pas mourir, mais on a épuisé les autres ressources et on doit se rendre à l’hôpital. On a vu son pédiatre déjà 2 fois : ses nouveaux antibiotiques ne semblent pas fonctionner davantage que les précédents. Peut-être y est-elle allergique? Elle s’est tellement étouffée en les prenant qu’elle est devenue bleue et que je l’ai couchée par terre en réflexe de RCR bébé (réanimation cardio-respiratoire).
Là, je tremble de tous mes membres. Je suis épuisée. Nos trois autres enfants dorment, mais ils sont tous malades aussi. Bébé a 7 mois. Elle fait 40 degrés de fièvre depuis maintenant 7 jours et son état ne fait qu’empirer d’une heure à l’autre.
Même si nous savons qu’elle n’est pas en danger de mort, nous ne savons plus quoi faire pour l’aider. Direction urgence.
Nous attendons 6 heures (arrivés à 3 h am / repartis à 10 h 30), ils lui donnent un suppositoire d’acétaminophène (j’avais oublié que ça existait) et nous patientons comme les autres petits patients malades qui nous entourent. Je ne sais plus comment nous protéger des grippes, gastros et autres virus que je vois pratiquement flotter dans l’air, je finis par nous enfermer dans la minuscule salle d’allaitement où je me sens à l’abri.
J’ai le cœur dans l’eau quand je pense aux autres enfants présents, à leur famille inquiète et aux enfants blessés ou gravement malades qu’on ne voit pas dans la salle. Ma petite, elle, n’a qu’une double otite persistante, mais…
– « On passe aux antibiotiques en intraveineuse, vous devrez revenir tous les jours pendant quatre jours. »
Quoi? Des piqûres pour mon pauvre bébé qui souffre déjà tant, qui gémit en dormant? Oh non! Et puis… on est le 22 décembre? Les réveillons dans nos familles? Le chalet?
Un second médecin se pointe et dit qu’elle connaît un pharmacien qui peut pratiquement transformer tous les médicaments en suppositoires. Sur Sherbrooke Ouest près de là. (NB au besoin, car la plupart des médecins l’ignorent et piqueront vos bébés avant de tenter les suppositoires) JOIE!
– « Mais vous devrez rester près de l’hôpital, car si elle ne va pas mieux après quatre doses, nous devrons lui administrer en intraveineuse. »
Nous déclinons donc nos réveillons : « On se verra au jour de l’An, elle sera sûrement guérie…»
24 décembre : Miracle! Après la quatrième dose, Bébé va mieux et la fièvre tombe. Partons au chalet!
Nous irons dans la belle-famille qui est juste à côté, youppi! Beau réveillon, mais la grand-maman est grippée. Le lendemain, trop tristes de ne pas voir ma famille, nous décidons de nous lancer sur les routes vers l’Estrie, en pleine tempête de neige. Après 20 minutes de voiture, Bébé se met à vomir. On rebrousse chemin : la vie nous parle, je pense…
Dans cette urgence, nous aurons finalement réussi à attraper la gastro de la petite fille qui vomissait partout. Toute la famille y est passée, aux trois jours. Le bébé malade le 25 décembre, la bambine de 2 ans malade le 28 décembre, celle de 4 ans qui l’a été le 31 décembre et nous par la suite. Rappels aux amis et familles : « Ben non… on ne pourra pas encore se voir ni réveillonner. Oui oui, le bébé va mieux. Mais nous sommes encore malades! » Et mon mari a choppé la grippe de sa mère, par-dessus le marché!
Jamais n’avons-nous écouté tant de films et de télé (merci ciné-cadeau! Merci notre enregistreur numérique, merci Internet!). Jamais n’avons-nous passé tant de jours en pyjama, jamais n’avons-nous tant hiberné par ces températures de -30. On a fini par tous se taper royalement sur les nerfs! Mais nous avons traversé le temps des Fêtes sans autre vraie catastrophe. Sans décès, sans maladie incurable, sans trop de bleus à l’âme, sans crises existentielles (quoique… non sans découragements passagers). Casse-têtes, parties de cachette, dodos et siestes, télé-télé-télé auront fait passer le temps qui guérit tout.
Jamais n’avons-nous autant pensé à nos familles et surtout à nos grands-mères qui ont certainement dû en baver elles aussi avec leurs marmailles malades en même temps, mais SANS télé! Et c’est en mangeant un morceau de tarte aux pacanes « St-Donat » (exactement la recette que ma grand-maman faisait tout le temps au jour de l’An), que j’ai compris le sens de la Communion : « vous ferez cela en mémoire de moi ». Ça goûtait le temps des Fêtes… même malades, même enfermés les uns par-dessus les autres par un hiver glacial québécois…
Et bonne année à vous tous!