Ma collègue Marta vous parlait dernièrement de la merveilleuse tradition islandaise du Jólabókaflóð, qui consiste à offrir des livres à Noël et à passer le réveillon à bouquiner en famille au coin du feu pendant que les enfants s’amusent autour (en tout cas, dans mes rêves, ça se passe comme ça).
Voici une sélection de 5 livres écrits par des femmes qui feront de parfaits cadeaux de Jólabókaflóð.
1. Americanah, de Chimamanda Ngozi Adichie
Je ne sais pas si je trouverai les mots pour vous transmettre tout le plaisir que j’ai eu à lire ce roman cette année. Voici un livre attachant, drôle, plein de mordant, qui pose un regard hallucinant de justesse sur les relations interraciales aux États-Unis, sur la culture américaine en général, et sur l’expérience de l’exil migratoire.
Ifemelu, jeune nigériane de Lagos, quitte son amoureux Obinze pour aller faire des études aux États-Unis. Nous suivons sa trajectoire, au fil de ses rencontres, de ses amours et de ses amitiés, et des billets qu’elle rédige pour son blogue, qui s’intitule « Raceteenth, ou Observations diverses sur les Noirs américains (ceux qu’on appelait jadis les nègres) par une Noire non-américaine ». Un récit à la fois simple et criant de vérité, autant sur le plan de l’analyse sociologique des relations raciales que sur le plan plus personnel des relations intimes, de l’identité et de l’image de soi. J’ai eu l’impression de rencontrer une amie en lisant ce roman, et pour vrai, je m’ennuie d’Ifemelu depuis que je l’ai fini. Ma mère et plusieurs copines l’ont aussi adoré, c’est un coup de cœur assuré!
2. Le monde est à toi, de Martine Delvaux
J’ai déjà parlé (ici) d’à quel point ce livre m’a touchée. Martine Delvaux propose dans ce court essai une réflexion toute personnelle sur l’amour, le féminisme, l’adolescence, et les luttes à faire, le tout sous la forme d’une lettre adressée à sa fille de 15 ans. À offrir à une jeune mère qui s’interroge sur la maternité féministe.
3. Moi aussi je voulais l’emporter, de Julie Delporte
J’avais adoré son Journal, j’ai donc dévoré le nouveau livre graphique de Julie Delporte. Nous la suivons dans un dialogue féministe qu’elle tisse avec l’auteure et artiste Tove Jansson (la créatrice des Moomins, entre autres). Nous partageons ses voyages, ses doutes, ses découvertes, et adoptons l’espace d’une lecture, le regard à vif qu’elle pose sur la vie de femme. Un livre très intime, un peu triste, mais si fort de sensibilité qu’on a l’impression d’entrer dans la peau de l’auteure et de partager avec elle sa recherche existentielle et esthétique. Ses dessins et ses couleurs sont si vrais : sincères et bouleversantes.
4. Là où fuit le monde en lumière, de Rose Eliceiry
La jeune poète montréalaise a publié cette année un nouveau recueil aux éditions de l’écrou. Ses mots percutent, assaillent, s’abîment pour exprimer l’urgence d’aimer et de se sentir alors qu’autour de nous, le monde s’étiole dans un vacarme ahurissant. Une poésie « fiévreuse », pleine d’intensité, qui donne soif de lèvres et de silence.
Je ne respire plus que l’air vicié
des fêtes technicolor et des rêves de pauvres
effondrés dans le sexe des miracles éteints
nous avons pris la courbure de nos guerres
nous avons crié si longtemps dans l’éclatement de la faim
entends-tu cette nuit qui s’abreuve dans nos yeux?
5. Manikanetish, de Naomi Fontaine
Bon, je ne pourrais pas conclure cette liste sans au moins mentionner Dans la forêt, de Jean Hegland, dont j’ai déjà parlé dans un autre billet. Sur l’expérience très « charnelle » de devenir femme, la relation entre sœurs, et la nécessité de connaître la nature. Mon roman de 2017.
Quelles autrices offrirez-vous à vos proches cette année?