Une toute petite puce s’est jointe à nous à la fin octobre. Coup de foudre immédiat pour cette boule de chaleur qui ne demandait qu’à être cajolée, emmitouflée dans les bras de sa maman.
Et avec le coup de foudre est arrivé le coup de peur.
C’est fréquent, je sais bien. On se met parfois à avoir peur de tout, pour bébé ou pour nous. On réalise qu’un petit humain dépend de nous à temps plein. Qu’on est son seul point de repère. Sa seule doudou qui produit assez de chaleur pour le réconforter au milieu de la nuit. Sa seule berceuse qui le rendort quand l’angoisse s’invite dans son sommeil.
Le coup de peur a commencé à l’hôpital pendant les contractions quand j’étais sous épidurale. L’infirmière à mon chevet notait mes signes vitaux et le pouls du bébé. Ses sourcils se sont froncés un peu trop souvent à mon goût, et même si c’était la nuit et que le travail ne commencerait pas avant encore quelques heures, même si on était installés pour dormir, fermer l’œil n’était pas vraiment possible pour plus que 10 minutes à la fois.
À moitié endormie, mais surtout beaucoup dans les vapes, j’essayais de comprendre ce que le médecin disait : le cœur a ralenti plusieurs fois, ce sera à surveiller, ne pas m’en faire. Heureusement, je suis tombée sur du personnel super au CHUL, que des gens rassurants, doux, compréhensifs. Sauf que se faire dire que le cœur de son bébé a baissé à plusieurs reprises et qu’il faudra peut-être procéder à une césarienne d’urgence parce que bébé ne vivrait pas bien l’accouchement, c’est jamais le fun.
Finalement, petit bébé est né de façon naturelle, avec tous ses morceaux, et bien en santé. Puis, se sont succédé les infirmières, procédures normales : tests de glycémie, vérification de la jaunisse. Mais bébé ne veut pas boire, bébé est trop petit selon les courbes de croissance… Les infirmières entrent et sortent, et chacune émet son commentaire. On ne sait plus qui écouter, quoi en comprendre. Elle dort dans mes bras si paisiblement, et pour moi, c’est un bébé en santé qui pèse un gros 6 livres et 7 onces. Rien d’alarmant.
Je sais que le personnel soignant ne fait que son travail et que c’est important de prévenir les problèmes liés au faible poids, au fait que bébé ne boive pas, etc. Je ne pensais juste pas que ç’aurait cet effet sur moi : une boule dans l’estomac. Pourtant, je suis une personne assez zen en temps normal et je sais relativiser. La zénitude est-elle disparue pendant l’accouchement? Probablement.
Alors mon conjoint et moi avons passé les premières semaines à s’enchanter des boires, à attendre avec le sourire les selles pour s’assurer de chasser la jaunisse, à prendre sa température à chaque signe aussi petit qu’un éternuement… J’ai aussi choisi de remplacer notre fameux ami Google par les infirmières du 811, beaucoup plus connaisseuses et réconfortantes, et au diagnostic beaucoup moins affolant!
C’était donc vrai. Avec un petit être humain, la vie change. Et les petites peurs aussi!