Bébé est amorphe, il « oublie » de respirer, sa saturation descend en flèche. Mais avec de la stimulation vigoureuse de la part du médecin, il comprend à quoi servent ses poumons.
Malheureusement, il oublie trop souvent. On me l’enlève pour le placer en incubateur, mais il reste tout de même dans la salle d’accouchement pas trop loin de moi. Un inhalothérapeute est demandé pour faire une évaluation.
De mon côté, mon cœur est déchiré, je ne peux pas m’occuper de mon bébé, j’en ai un deuxième à mettre au monde. Chéri et moi s’étions entendus : en cas de pépin de ce genre, il ne devait plus quitter notre bébé des yeux, quitte à m’abandonner à mon travail.
Suite à l’expulsion du premier bébé, mon corps fait une pause. Je n’ai que très peu de contractions, et mon dos me fait atrocement mal suite à mes deux heures précédentes de poussée. De plus, bébé no2 s’amuse à gigoter dans mon ventre, maintenant qu’il a toute la place! Il n’est pas du tout engagé dans mon col.
Dans un accouchement de jumeaux, les médecins veulent que le second bébé soit sorti dans un délai d’une heure maximum par rapport au premier. Après les 15 premières minutes, comme la situation n’évolue pas, la docteure m’informe que si bébé n’est pas sorti d’ici 20 minutes, on part en césarienne d’urgence.
IL N’EN EST PAS QUESTION!
OK, mon marathon n’est pas terminé. Tant pis si mon dos ne me parle plus après cette journée, je ne me ferai pas ouvrir le ventre après avoir déchiré la moitié de mon périnée!
Je demande à la médecin si je peux pousser même en l’absence de contraction, mais elle me dit que non. Ç’a l’air que ça ne servirait à rien. Je décide donc de pousser trois ou quatre fois par contraction plutôt que les deux poussées habituelles. Une deuxième infirmière est demandée en renfort pour remplacer mon chum à mes côtés et m’aider à supporter un peu mon dos lorsque je pousse.
Quand on me menace, je suis efficace! Bébé no2 est sorti trente minutes après son frère. On le place sur mon ventre, papa et bébé no1 sont invités au party, je suis assaillie d’une vive émotion. Je pleure de joie : je suis enfin maman! Il y a maintenant deux êtres sur terre plus importants que quiconque à mes yeux.
Mais bébé no1 désature encore trop souvent… On me l’enlève pour l’admettre aux soins intensifs des bébés : la néonatalogie. Je dois le laisser quitter la salle d’accouchement, accompagné de son père.
À ce moment, mon placenta, grandeur XL, est expulsé, et je vois les médecins s’activer d’une manière inquiétante. Avant de quitter la chambre, chéri prend bébé no2 dans ses bras, car moi je ne suis pas en mesure de m’occuper de lui. Mon utérus ne contracte pas pour revenir à sa taille normale, tous les vaisseaux sanguins qui alimentaient le placenta saignent abondamment : je fais une hémorragie…
À suivre…