J’ai peu de souvenirs des Halloweens de mon enfance. Je me souviens des costumes de clowns cousus par ma mère, costumes contre lesquels je me suis rebellée en devenant préado. Je me souviens des maisons qui faisaient peur. Je me souviens du plaisir du tri, quand on découvre les trésors amassés et qu’on ne peut résister à nos palettes de chocolat préférées.
J’ai par contre des souvenirs beaucoup plus vifs de l’Halloween à l’adolescence! Fête si excitante parce qu’on sait que le plaisir de « passer l’Halloween » achève, parce que notre corps change et que se costumer devient un casse-tête et une manière de s’affirmer à la fois.
Moments choisis.
La fois où une inconnue a touché ma poitrine
J’ai 14 ou 15 ans. Je passe l’Halloween avec mes amies et je suis déguisée en vampire, évidemment. Je capote sur les livres d’Anne Rice et Brad Pitt est mon fantasme numéro un. #LouisVSLestat J’ai mis un chandail noir un peu moulant et je me sens vaguement sexy. C’est nouveau et troublant pour moi. C’est pas mon genre et je ne m’assume pas tellement.
Je marche avec mes amies quand nous croisons une brigade de bénévoles pour la promotion de la sécurité. Ils donnent des conseils et distribuent des objets voyants, dont de gros autocollants orange d’environ 30 cm de longueur. Une vieille dame m’aborde et me sert son discours sécuritaire. Tout en me parlant, elle prend l’initiative de me donner un gros autocollant, mais elle ne se contente pas de me le donner. Elle fournit aussi l’installation. Sur mon chandail noir. Directement sur ma poitrine. Elle repasse ses mains une deuxième fois pour s’assurer qu’il est bien collé. Je suis figée, muette, consternée, mortifiée. Deux coins de rue plus loin, on en riait un peu, mais je m’en souviens encore. C’est dire à quel point c’était un moment TRÈS bizarre et malaisant.
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La fois où j’ai commencé mon secondaire en me déguisant en sac à vidanges
Secondaire 1. Ma meilleure et amie et moi avons l’insouciance de la jeunesse et nous ne connaissons pas vraiment la gêne. Notre budget est plus limité que notre imagination. Inspirées par La petite vie, on décide d’y aller concept et de déguiser en paire de sacs à vidanges « dur » et « mou ». On se trouve très drôles et on attire l’attention toute la journée. L’année d’après, on se déguise en siamoises en portant une jupe format extra géant et un t-shirt assez grand pour nous deux. Une excuse parfaite pour être assises ensemble toute la journée. Après, bien…avec l’arrivée des hormones sont arrivés l’orgueil et les déguisements de vampire ou de sorcière, rien qui attire trop l’attention. Jusqu’à ce que l’orgueil prenne le bord et que la folie reprenne ses droits au détour de la vingtaine.
La fois où j’ai failli tuer un enfant
J’ai 15 ou 16 ans. Passer l’Halloween, c’est fini pour moi. Je me trouve trop vieille et trop cool. Je prends alors en charge la distribution de bonbons à la maison avec tout le sérieux dont une ado motivée peut faire preuve. Mon ami et moi trouvons les déguisements les plus épeurants possible : longue perruque noire ébouriffée, vêtements noirs et amples, maquillage blanc et noir, faces de sorcières zombies ou quelque chose du genre.
On décide que ce serait super que je me cache en haut des marches, sur le balcon derrière le muret de briques, et que je fasse sursauter les enfants. Ouais. Je n’avais pas d’enfant dans ce temps-là. Un mini de 2-3 ans monte vaillamment la quinzaine de marches d’un escalier en ciment et arrive en haut, moment où je crie dans ses oreilles avec toute la force de mes poumons. Terreur pure. Il commence à vaciller vers l’arrière. Je me trouve ben, ben niaiseuse, je panique et lui crie que « non, non, je suis pas méchante, c’est un déguisement ». Heureusement, il utilise à ce moment toute la force de ses mini muscles pour se retenir de tomber pendant que je retiens mon souffle. Inutile de dire qu’on a changé de plan pour le reste de la soirée.