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​Je déteste qu’on me félicite pour mon poids
Crédit: Simon Robben/Pexels

C’est arrivé durant ma grossesse et ça arrive depuis quelque temps, maintenant que j’ai vraisemblablement repris mon apparence prégrossesse.

Je déteste qu’on me félicite pour mon poids, car ça me rappelle à quel point on s’attend des femmes qu’elles soient belles et désirables, et que cette beauté passe par la minceur. Y compris durant la grossesse. Y compris après la grossesse. Je déteste qu’on me félicite pour mon poids, car la majorité des gens qui me félicitent ne s’inquiètent pas une minute de mon état de santé physique ou mentale. T’as des troubles alimentaires? Une maladie? Un cancer? Who cares? T’es mince ; c’est formidable!

On présume que l’apparence physique d’une personne est garante d’un mérite ou d’un effort. On s’attend aussi à ce que tu sois mince et si tu y arrives : Bravo! On croit hypocritement que la minceur est garante de la santé, alors que la littérature scientifique nous rappelle que la première raison évoquée pour faire du sport, ce n’est pas la santé, mais la minceur. La minceur à quel prix? Au prix bien souvent de mettre à mal notre santé mentale, de se torturer l’esprit et l’estime de soi en souhaitant se charcuter pour répondre à des attentes sociales.

Donc non, je ne suis pas flattée de me faire féliciter pour mon poids. D’une part, parce qu’il y a une grande contribution génétique dont je n’ai aucun mérite. D’autre part, car la raison de ma perte de poids n’est pas un standing social. Ce n’est pas parce que je croyais que je devais redevenir « comme avant » et que je suis arrivée à mon but. J’avais même fait le deuil de cet « avant » il y a plus ou moins 2 ans ; j’avais donné tous mes anciens vêtements en acceptant que mon corps avait changé, que ma maternité m’avait donné deux beaux enfants, que je n’avais plus 20 ans, que mon mode de vie n’était plus le même. Je ne trouvais pas ça facile, mais je trouvais plus sain de mettre de l’énergie à apprendre à m’aimer comme j’étais plutôt qu’à souhaiter être autre chose. Et c’est en passant par l’acceptation que j’ai réalisé que je m’étais éloignée de ce que j’aimais, que je ne prenais presque plus de temps pour moi et que j’avais envie de me faire du bien. De me sentir bien.

Bref, je me suis remise à bouger pour ma santé mentale. Parce que malgré le supplice prébougeotte de « j’ai envie de rester sur mon divan », je connaissais tous les bienfaits que ça m’amenait pendant et après. Petit à petit, je me réappropriais mon corps. Pas parce qu’il était mince. Parce qu’il était vivant. Il avait plus d’énergie pour jouer avec mes enfants, je me sentais plus libre de mes mouvements, plus libre dans ma tête. Je me suis trouvé une activité pour laquelle je suis devenue amoureuse et je ne manque pas un entraînement. Pas pour maigrir ; pour bouger, pour passer du temps avec des gens super, parce que j’ai du plaisir à me dépasser dans cette activité.

Bref, cette démarche est très intime, car il s’agit d’une démarche ou je suis revenue au cœur de moi-même. Parce que j’ai réalisé décidé que je méritais de me sentir bien. Je n’ai pas fait de régime. J’ai eu envie de bien manger, parce que j’avais envie d’avoir de l’énergie pour faire ce que je souhaitais ; j’ai donné à mon corps plutôt que de lui enlever des choses. Et je mange encore de la poutine et des desserts une couple de fois par mois.

Ça ne me fait pas plaisir qu’on me félicite pour mon poids, car on présume que la minceur est garante du bonheur et du mieux-être. On va se le dire ; c’est de la bullshit. Il y a plein de monde mince malheureux. J’aurais aimé qu’on soit content pour mon bonheur. Qu’on remarque que j’avais l’air plus sereine, plus énergique, mieux dans ma tête. Ça m’aurait fait plaisir de discuter avec ces personnes et de leur dire que j’avais fait un long cheminement pour mieux me connaître, et que j’avais fait plein de démarches pour m’écouter et me sentir bien. Que je suis toujours sur ce chemin et que ça me nourrit énormément. Parce que le poids ou le chiffre sur la balance, on s’en fou complètement. Ça ne signifie absolument rien au fond. Absolument rien.

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