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L’histoire de Mégan
Crédit: Aaron Burden/Unsplash

Il y a deux semaines, Mégan nous a écrit, nous annonçant qu’elle a le cancer des ovaires et qu’elle aimerait que quelqu’un puisse écrire un article et raconter ce qu’elle vit. « Ce serait mon plus beau cadeau avant mon opération, car il y a 80 % de risques que je reste sur la table. » Ce sont les mots qu’elle a utilisés.
 
Difficile de ne pas se sentir rempli.e.s de compassion en lisant ses mots. Nous avons été plusieurs à être grandement touché.e.s par son message. Dans la dernière semaine, au même moment où Mégan nous a écrit, un être que j’aime profondément a vu sa santé se dégrader de façon inattendue en quelques jours et nous a quittés. Trop rapidement. 

L’histoire de Mégan résonnait si fort avec ce que je vivais, que j’ai tout de suite senti un besoin de lui parler et surtout, de l’entendre, de l’écouter.
 
Voici un peu son histoire…
 
En 2015, elle s’est fait opérer pour un cancer des ovaires et elle n’a pas eu besoin de faire de la chimio. C’était réglé, fini. Elle était désormais en rémission. Six mois après cette opération une bosse est réapparue et elle a repassé une échographie. Après avoir vu quatre spécialistes différents, ils l’ont simplement laissée repartir en lui disant qu’ils ne savaient pas ce qu’elle avait. La douleur, elle, demeurait et Mégan sentait son état se dégrader. En juillet dernier, les symptômes sont réapparus et, il y a trois semaines, elle a été conduite à l’urgence après avoir perdu connaissance au travail. Après plusieurs examens, on lui annonce que son cancer est revenu.
 
Cette nouvelle vient tout chambouler. Elle ne se doutait pas de la fragilité de sa rémission, elle ignorait qu’elle pouvait ne pas durer. Habitée par un mélange de colère et de tristesse, elle a du mal à croire que la maladie est réapparue. D’un autre côté, une part d’elle est soulagée de connaître, enfin, la cause des malaises vécus lors des dernières semaines.
 
Ce n’est que tout récemment que Mégan a choisi de parler de son cancer à son entourage.  Ça lui a pris deux ans avant d’y arriver.

* * *

Pourquoi avoir mis autant de temps avant d’en parler à tes proches? Est-ce pour les protéger?    
Je crois que la réponse est « oui ». Je ne savais pas s’il me restait longtemps à vivre, je ne connaissais pas non plus la nature des traitements que je devais recevoir et le nombre. Je voulais donc leur éviter le stress de ne pas savoir, comme moi, comment tout allait se dérouler. Aussi, je ne voulais pas qu’on me prenne en pitié ou qu’on m’empêche de faire des choses à cause de la maladie.
 
Est ce que c’était aussi parce que toi-même tu avais de la difficulté à accepter la nouvelle?
Là aussi, la réponse est « oui ». J’ai mis beaucoup de temps avant d’accepter ma maladie, j’étais dans le déni total, jusqu’à ce que mon corps ne suive plus et qu’il m’empêche de travailler, j’ai reçu un papier pour m’absenter du travail… J’ai aussi dû renoncer à mes deux passions, l’équitation et la danse, c’est un deuil très difficile à vivre…
 

* * *
Les premières réactions de ses proches ne l’ont pas surprise : de l’incompréhension chez certains, du déni chez d’autres. Mais tous sont là pour la supporter, malgré les hauts et les bas qu’elle traverse. Elle reçoit des messages de part et d’autre à tous les jours, de gens qui lui répètent qu’ils sont là malgré la distance, qui l’accompagnent en pensées.
* * *
 

Comment fait-on pour dealer avec le cancer au quotidien quand les proches sont loin? 
Certains jours, quand mon état est plus fragile, c’est difficile. Quand j’ai besoin de réconfort, quand j’aurais besoin d’être dans leurs bras. Quand je pleure ma vie en position fœtale dans mon lit parce que même la morphine ne suffit plus à apaiser la douleur. Dans ces moments-là, je les appelle et ils me chantent une chanson ou m’accompagnent simplement jusqu’à ce que la crise passe, ça m’apaise.

Si tu avais un message à partager aux gens qui ont un proche atteint du cancer, quel serait-il?
De continuer à supporter la personne malade, car la nouvelle est difficile à accepter pour eux, mais elle l’est parfois encore plus pour la personne atteinte. C’est très réconfortant pour la personne malade de savoir que son entourage l’aime et la supporte malgré la maladie. 
 

* * *
Le plus difficile pour elle en ce moment ? C’est de sentir qu’elle a épuisé ses réserves d’énergie. Que son corps ne suit plus pour faire ce qu’elle aimerait faire. Une simple marche avec son chien est devenue trop épuisante. Des trucs aussi simples que se lever du lit pour aller s’habiller. Mégan est à un stade où même respirer, cette action que nous faisons tous des milliers de fois quotidiennement sans même nous en apercevoir, ce tout petit geste, est devenu trop fatigant pour elle.
 
Plus le temps passe et plus elle a l’impression que les mauvaises nouvelles ne font que se multiplier. Et elle se sent coupable. Coupable de faire vivre un si grand stress aux gens qu’elle aime.
* * *  
 

Est-ce qu’il y a quelque chose que tu aimerais dire à tes proches, quelque chose que tu n’arrives pas encore à leur communiquer? 
Oui, je veux qu’ils sachent que je suis désolée de la douleur qu’ils vont ressentir si la maladie l’emporte. Je suis désolée si un jour je ne pourrai pas avoir d’enfant, car lors de l’opération qui s’en vient, il est possible qu’on m’enlève tout mon organe reproducteur. Je suis désolée de leur faire vivre du stress, désolée de créer certaines incompréhensions chez certaines personnes, désolée si parfois je n’arrive pas à répondre. J’aimerais surtout leur demander de me pardonner si un jour j’arrête de me battre, épuisée de souffrir. Mais surtout, si je pars, je veux qu’ils se souviennent de la boule d’énergie et du soleil que j’étais, de la petite fille pétillante et souriante que j’étais et surtout, qu’ils se rappellent pour toujours combien je les aime. 
 

* * *
Je vous promets de prendre de ses nouvelles chaque semaine. Mégan aimerait pouvoir répondre aux questions de gens qui en ont. Écrivez-nous en commentaires et je lui transmettrai vos demandes pour que nous puissions y répondre dans le prochain texte.  
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