N’y a-t-il pas de moment de plus agréable pour un parent que d’échanger avec un fellow parent à propos de la dernière chose terrible que votre enfant à fait pis de vous donner l’un l’autre une p’tite dose de réconfort en affirmant que oui, le vôtre aussi fait telle affaire. Ce genre de conversation est typiquement purement de la ventilation, personne ne cherche vraiment de solutions à un problème, nous voulons seulement que quelqu’un nous confirme que nous ne sommes pas en train de r’virer fou et se sentir un peu moins seul dans ce large univers de la parentalité. Nous voulons tous nous faire rassurer que notre p’tit n’est pas un futur psychopathe parce qu’il monte à l’envers dans la glissade ou bedonc que notre p’tit ne sera pas un voyeur chronique parce qu’il se cache dans la section brassières des grands magasins.
D’entendre de la bouche d’un autre parent les mots magiques tels : « Mon Dieu qu’il m’a fait honte! » ou « Il s’est effouaré en plein magasin. » ou encore « J’ai jamais vu autant de caca de ma vie! » peut avoir un certain effet rassurant.
Seulement voilà, récemment, mon p’tit poulet de mon cœur a fait la batterie de tests et s’est fait diagnostiquer comme étant TSA de haut niveau, ce qui veut dire en langage clair qu’il est un enfant présentant des traits autistes, mais qu’il est hautement fonctionnel dans un cadre régulier. Pour lire toute l’histoire, jetez un œil sur l’article au complet sur Papa pis Dada. Suite à ce diagnostic, je me suis demandé si j’avais encore le droit de le comparer à d’autres enfants. Si j’avais encore le droit de me réconforter auprès d’autres parents en comparant les crises et les meltdowns quotidiens.
Puis c’est là que ça m’a frappé. Le diagnostic, mon rôle de parent, ma vie de famille, tout ça… Ça n’a pas rapport avec toi.
Comme beaucoup de parents, j’ai longtemps espéré que mon garçon arrive à cet âge, cet âge magique et un peu incertain où tout se mettrait à aller bien subitement. Tout irait merveilleusement bien, surtout pour moi. L’âge magique où il arrêterait de pleurnicher pis péter sa coche parce qu’il ne veut pas se laver les cheveux, d’arrêter d’être irrationnel sur son choix de collation, d’arrêter de me répondre « non », écouter attentivement, m’aider dans mes tâches ménagères, écouter un film en silence du début à la fin et m’aider à tuer Bowser dans le dernier château de Mario Bros. Mais, come on Dada que j’me suis dit. Ça n’arrivera jamais c’t’âge-là magique. Il y aura jamais de bout que tout va être donc fantastique pis facile pis cheesecakes qui ne font pas engraisser pis lumières de Noël à longueur d’année. Pis c’est pas juste pour mon gars de penser ainsi. Parce que toute cette aventure-là, être parent, élever un p’tit, diagnostic ou pas, c’est pas pour moi. Ça n’a pas rapport avec moi. Ça ne concerne pas mes besoins pis mon bien-être. C’est pour lui. Tout ça, c’est pour lui.
Parce que la vraie vérité vraie, c’est que ça ne deviendra pas plus facile. Il n’y aura jamais d’étape que POUF!, subitement tout sera comme un long fleuve tranquille. Les années vont venir, pis avec elles il y aura pas de facilité, juste des choses différentes. Mon p’tit va continuer à sauter d’une phase à l’autre, comme le reste des jeunes enfants de ce monde, chaque nouvelle étape apportant son beau gros lot de choses différentes. Certaines petites affaires gossantes que mon enfant va faire vont disparaître ou ben se régler peu à peu, pis d’autres vont empirer pis d’autres nouvelles difficultés vont se manifester. C’est pas mal ça que le diagnostic de mon enfant m’a fait réaliser. Que c’est dangereux de penser qu’un jour tout deviendra facile. Parce que ça ne le sera jamais. C’est ça le deal.
Ça n’a pas rapport avec toi. Ça a rapport avec lui.