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Avoir besoin de vacances sans conjoint, sans enfant
Crédit: Rowan Heuvel/Unsplash

Quand j’étais plus jeune, on me présentait souvent les mères qui osaient partir sans leur enfant comme des égoïstes, des courailleuses, ou un paquet d’autres trucs négatifs que j’ai dû déconstruire avec le temps. Même quand j’ai pris mon premier week-end sans chum et bébé, on m’a dit plusieurs fois : « T’as pas peur de laisser le petit se faire garder (sic) par son père? » Rendue là bas, on me disait aussi : « Tu dois TELLEMENT t’ennuyer de ta famille en ce moment. » La réponse, c’est que non, je ne m’ennuyais pas tant que ça, que j’avais besoin de vivre des moments hors de mon quotidien et que j’étais partie pour le travail. Je n’avais donc pas vraiment de temps pour m’ennuyer.

Quand Carolane et moi avons gagné des billets pour le Panama, j’ai pris le temps de regarder ce qu’on avait fait dans la dernière année : elle avait eu un bébé dans sa salle de bain, elle avait continué de travailler malgré un ti-bébé, elle s’est acheté une maison. On a écrit un livre, on a commencé à travailler plus activement sur des contrats pour nos Instagram personnels. Mon chum a eu un film en festival qui lui a permis de voyager pas mal, donc j’étais souvent seule à la maison. On a renégocié nos contrats pour les sites Internet et nos tâches sont plus définies, mais on a pas vraiment de vraies vacances. Pis toute pis toute.

Le constat : nous étions ÉPUISÉES. Carolane a déjà fait une rechute de dépression, et avec notre diagnostic de TDAH, disons qu’on a vraiment beaucoup de chances de faire un épuisement professionnel.

On avait besoin de sortir du pays.
On avait besoin de ne rien organiser dans la maison avec les enfants.
On voulait prendre des vacances sans avoir la pression de faire des choses.

Et ça tombe bien, on a gagné des billets pour notre implication lors du 28 jours sans alcool en collaboration avec la maison Jean-Lapointe. Une belle fleur parce que ça fait presque 5 ans qu’on s’implique bénévolement pour la cause.

L’idée de partir juste nous deux a quand même bien été reçue par les membres de nos familles. Ce stress-là en moins, il fallait dealer avec la construction sociale qu’une mère qui a besoin de temps pour elle ne fait pas sa job (i’m thinking about you, mère ordinaire). Pis ça, ça me donne juste envie de faire un doigt d’honneur à cette idée reçue.

Quand un gars va à la chasse, il ne se fait pas dire que c’est irresponsable de sa part. On s’attend à ce qu’il fasse des choses pour lui. Quand une femme cherche à faire quelque chose pour elle, on trouve ça triste qu’elle n’aime pas vraiment ça être mère, qu’elle fuit ses responsabilités de façon égoïste pour se reposer.

On est extrêmement privilégiées d’avoir les ressources, le réseau de soutien et le privilège d’être blanches pour voyager où on veut sans crainte. Il faut juste se faire à l’idée maintenant qu’une femme peut prendre du temps pour elle, autrement qu’une journée par année au spa entre ami.e.s. Et que y’a pas de culpabilité à avoir de prendre du temps pour gérer sa santé mentale quand on a les ressources pour le faire.

Alors voilà, on est en vacances et ça fait vraiment du bien de l’être.

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