J’adore ma mère. Mais vraiment. Je lui dois tout. J’ai encore besoin d’elle dans ma vie.
Mais, comment dire, y’a comme un moment donné, je dirais environ après 48 heures dans une même pièce, elle se met à me taper sur les nerfs, mais royalement. Je ne peux plus la supporter. Et sérieusement, je soupçonne que c’est la même chose de son côté. C’est comme une règle de la nature, 48 heures, et on ne s‘endure plus.
Elle me joue dans la tête. Elle commente ma maison, mon rangement, mon chum, mes amies, mes choix, ma vie… Et le pire, c’est qu’elle a souvent raison (mais pas tout le temps), mais bon, ça m’énerve. Ça s’enregistre, ça me reste dans la tête. Elle hack mon cerveau. Ma mère est une pirate, pis elle ne fait même pas exprès.
Elle me dit que j’ai l’air fatiguée, que je dois trouver ça difficile ma vie, que je devrais me reposer, etc., etc. Pis là, BANG, je commence à ressentir de la fatigue, je suis découragée et je me mets à pleurer. Mais deux minutes avant, tout allait bien. C’est fou de même! Ma mère m’hypnotise, elle se prend pour Messmer!
Je ne sais pas si c’est bon ou mauvais tout ça. Peut-être un peu des deux. Mais je sais que je fais la même chose avec ma fille. Je lui mets des mots dans la bouche pour lui faire parler de ses émotions, je lui gratte le bobo, je tourne le couteau dans la plaie. Je lui conseille des affaires.
Je suis comme ma mère, pis ça m’énerve.
« Être comme sa mère », c’est souvent chose qu’on ne veut pas devenir, non?
Mais en y réfléchissant bien, pas tout à fait.
Autant il y a de ces moments où je déteste être comme elle, autant il y en a d’autres où je réalise que c’est une chance d’être comme elle. Ma mère entre dans ma tête, oui, mais c’est aussi grâce à elle que je me sens forte et indépendante en tant que femme, que je sais profiter du moment présent dans la vie, que j’ai l’esprit ouvert, que je suis capable de m’affirmer, de m’exprimer, de foncer. Que je n’ai jamais attendu ou dépendu de personne. Que je sais dédramatiser les situations. Que je suis capable d’écouter, d’avoir de l’empathie. Que j’ai un sentiment d’être en sécurité dans la vie. Et surtout, c’est grâce à elle que je suis capable d’aimer et d’être aimée.
Finalement, être comme sa mère, est-ce une si mauvaise chose?