Je participais récemment à une discussion virtuelle entre parents sur les mots utilisés pour décrire les selles et les flatulences à la maison. Plusieurs commentaires soulignaient que la façon dont nous parlons de leurs corps à nos enfants n’est pas si anodine.
Dire « ark, ton caca pue », « c’est dégueu » ou ridiculiser les pets pourrait avoir plus d’impact que nous le croyons. Nos petit.e.s en viendraient à internaliser une honte face à leur corps. Pour certains parents, ces expressions employées ne normaliseraient pas le fonctionnement corporel, peu importe le sexe ou genre de l’enfant.
Pour être honnête, je n’avais jamais pensé à cela. À la maison, la nudité n’est pas un tabou et j’essaie d’expliquer rationnellement ou de répondre avec des faits aux questions de mes filles à propos de leurs corps. Ça n’est pas vraiment réfléchi comme pratique. J’ai l’impression que ça fait partie de nos valeurs. Néanmoins, nous faisons aussi des jeux où nous rions en disant « Oh que ça pue ».
Je me suis donc tournée vers les TPL Moms pour savoir comment ça se passait chez elles.
Plusieurs discutent ouvertement du corps et de ses fonctions primaires avec leurs enfants. Certaines mamans montrent sans gène leurs parties génitales à leurs garçons et leurs filles quand ils ou elles demandent à les voir, seulement.
Celles qui ont plusieurs enfants notent également un intérêt et une saine curiosité pour les organes sexuels différents dans la fratrie. Le changement de couche est une routine propice à répondre aux questions : « Quand on mange des brocolis, notre caca peut devenir vert », « Notre caca pue parce que les aliments passent beaucoup de temps dans nos intestins », «Nous devons nous laver les mains parce qu’il y a des microbes dedans », etc.
En nommant que « grand-maman, grand-papa, les animaux et même les escargots font caca », ça normalise également le fait que tout le monde évacue des matières fécales. Plusieurs TPL Moms s’efforcent également de nommer les choses par leur vrai nom : vulve, pénis, caca, etc.
Mononc’ Serge nous le rappelle dans cette chanson de l’album Atrocetomique, Les Colocs
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Enfin, pour bon nombre d’enfants, les bruits des pets sont aussi très rigolos : les faire, les entendre, les sentir ouuuf! et les fous rires qui viennent avec.
Cependant, ces expressions peuvent aussi avoir des impacts sur la dignité, l’intimité et le développement de la propreté chez l’enfant. « Ma sœur s’est maladivement retenue jusqu’à l’âge de sept ans à cause de ça. » Je pense qu’il ne faut pas minimiser les effets que peuvent avoir nos mots. Nous devons demeurer conscient.es de la sensibilité ou de la gêne de notre enfant à cet égard.
Certains adultes font parfois preuve de sexisme en mentionnant à des fillettes « une demoiselle ne fait pas ça. » Ou lorsque certains pères sont traumatisés de changer des couches et en font un cas parce que « les soins reviennent normalement à la mère. »
En étant honnêtes et attentif.ves aux qualificatifs que nous utilisons, nous minimisons les risques que nos petits.es développent un dégoût ou une peur de leur corps. En traitant nos enfants avec respect et en adaptant notre vocabulaire à leurs ressentis, nous favorisons leur estime de soi et leur image corporelle.
Comment parlez-vous de caca ou de pets à vos enfants? En parlez-vous ouvertement?