Dans la vie, j’avais cette certitude que mon mari et moi passerions notre vie ensemble jusqu’à ce que la mort nous sépare. Nous nous l’étions promis, non? Mais…
Depuis plusieurs mois, je sentais l’effritement de la fondation, j’apercevais la brique céder. Mon corps mais surtout mon cœur le sentait. Je le trouvais loin, différent.
J’ai tenté d’aborder le sujet, mais il tentait alors de me convaincre que ce n’était pas notre amour qui était en cause. J’ai aussi tenté de me convaincre que pour nous, ce n’était pas possible, que l’on resterait debout, peu importe la force de la tempête.
Son incapacité à s’admettre, à lui d’abord, puis à moi ensuite, que son amour était en train de sacrer l’camp m’a emmenée à mettre mes doutes ailleurs que sur notre amour. Son travail, un autre épisode de dépression, un manque de relations sociales… peut-être? Et si ça n’avait qu’été cela…
Je n’avais pas besoin de longues vues pour voir le ravage que cette distance faisait sur son passage. Ça se passait là, sous mes yeux, comme un tsunami qui rase tout sur son passage. Ils étaient où, les « Je t’aime » viscéral, les baisers si réconfortants, les petites attentions quotidiennes, le désir fou, les p’tits textos tout doux? Ça faisait des mois que je les cherchais, en vain.
Puis ça s’est amplifié, son malheur, sa tristesse. L’absence de son sourire me déchirait chaque jour. Je le sentais trop, je le savais trop, je l’avais vu, le tsunami, éteindre ta flamme. On s’était toujours tout dit, il ne me parlait plus maintenant. Pourquoi ce changement si je n’étais pas la cause?
Puis est arrivé ce matin qui m’a foudroyée, celui qui m’a confirmé que mon cœur serait sans doute brisé. Ce matin où, après une nuit de travail, il s’est glissé dans le lit, froidement, sans venir m’embrasser sur le front comme à l»habitude, sans me serrer intensément dans ses bras comme chaque fois.
J’ai passé la journée à fleur de peau, les larmes aux yeux. J’anticipais cette soirée sans enfant prévue dans quelques heures. Je la haïssais tellement. J’avais la chienne qu’il saisisse cette occasion pour m’annoncer la fin du feu. Je le sentais fébrile, nerveux, absent. J’ai plongé et j’ai demandé s’il avait quelque chose à me dire.
« Tu le sens? », qu’il m’a dit, puis ses yeux m’ont tout dévoilé, si tristement. J’avais peur de ce qu’il allait me dire, j’avais besoin d’être rassurée. Je voulais l’entendre me dire qu’il m’aimait encore… Mais il n’a pas pu. Il s’est excusé. Excusé d’avoir cessé de m’aimer comme un amoureux.
Mon roc venait de lâcher, solide à part ça. Le tsunami avait fait son travail.
Il m’a prise dans ses bras. On a pleuré, beaucoup. On a parlé aussi, beaucoup, dans le calme et le respect. Je ne pouvais pas concevoir qu’après toutes ces épreuves, après tous ces ouragans traversés ensemble solidement, ça arrivait maintenant. Je ne pouvais pas concevoir qu’on lâcherait la serviette si facilement. Puis on a trouvé quelques pistes, on s’est remis en question sans accusation, avec franchise et introspection, en toute humilité.
Il m’a dit vouloir tenter de rallumer cette flamme qui brûlait vive avant, que nous irions consulter pour tenter de nous reconstruire. Nous allions donc plonger, mais non sans d’abord lui avoir rappelé à quel point c’était important pour moi qu’il le fasse pour les bonnes raisons, soit pour lui et parce qu’il y croyait encore, au moins un peu. Parce que je l’aime si fort que mon désir premier est qu’il soit heureux et retrouve le sourire, même si cela signifie qu’il fasse le reste du chemin sans moi.
Le rendez-vous avec le psy est pris, le reste est à suivre…