Le parc, c’est comme le prolongement de ma maison. C’est un endroit où je laisse mon enfant être un enfant. Il crie, saute, court, trébuche et se fait mal parfois. Il dépasse aussi dans la file de la glissade et s’impatiente quand d’autres grimpent plus lentement dans les cordages. Immanquablement, j’interviens : « Ne dis pas ça! N’arrose pas la petite fille! Partage ton ballon! Chacun son tour! » C’est normal que les enfants aient des impulsions : ils sont en train de se former à vivre avec l’Autre, ce n’est pas rien! Et le parc, c’est comme une petite société dans laquelle chacun trouve sa place. C’est pourquoi s’il franchit la ligne, je sévis dans la seconde. Parc pas parc, public pas public. Je suis farouchement convaincue que lui parler dans l’cassse dès maintenant m’évitera d’avoir à vivre avec des conséquences plus lourdes plus tard.
Or, ce n’est pas la norme chez l’ensemble de la clientèle du parc. Enfin. Chez ceux qui s’y rendent en portant leurs lunettes roses. Comme si les enfants allaient s’autogérer.
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Récemment, j’y étais avec Fils et son Ami, sous ma surveillance. Soudainement, deux garçons de leur âge se sont mis à leur tourner autour. D’abord, casquette enlevée et lancée, j’ai dû intervenir, car l’Ami pleurait à chaudes larmes. Le temps de me rasseoir, les pas-fins se sont mis à courir derrière lui en essayant de le pousser et en lui criant des bêtises pendant que Fils essayait tant bien que mal de s’interposer. Nouvelle intervention auprès des pas-fins. Polie, mais ferme, je leur ai dit de les laisser tranquilles et d’aller jouer plus loin.
Ils ont pris la fuite vers leurs mères qui se trouvaient vraiment très loin de l’action. Puis, l’une d’elles s’est dirigée vers moi en disant que son fils pleurait parce Fils et l’Ami n’étaient supposément pas gentils. Quand je lui ai relaté ce qui s’était vraiment passé, elle a argumenté, la tête visiblement dans le carré de sable, que « Son fils n’aurait JAMAIS dit ça. Qu’il n’aurait JAMAIS fait ça ». Bref, elle a préféré croire son enfant plutôt qu’une adulte mature, prête à dialoguer. Se braquer plutôt que de corriger le tir sur-le-champ. Faire la sourde oreille plutôt que d’enseigner le respect de l’autre. Wake up coconut! Je voulais hurler.
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On en parle dans les médias, dans les écoles ; l’intimidation est sur toutes les lèvres. Il faut faire de la sensibilisation, de la prévention, agir, condamner… Et malgré tout, des réactions comme celle de cette mère demeurent.
Exit la confrérie des parents. Elle a préféré croire son enfant. Vrai qu’elle ne pouvait tout saisir. Elle portait ses lunettes roses.
Vous est-il déjà arrivé de faire face à des parents qui ne voulaient rien entendre?