Une librairie qui met de l’avant les auteurs.trices racisé.e.s ouvre ses portes à Montréal-Nord
Estelle gb On célébrait cet hiver l’ouverture de L’Euguélionne, nouvelle librairie féministe installée au cœur du centre-sud, à Montréal. Une librairie spécialisée comme celle-ci, en plus de devenir un pôle culturel dans son quartier, répond à un besoin de diffuser les écrits et les œuvres des personnes marginalisées à cause de leur genre ou de leur origine.
L’Euguélionne n’est pas le seul projet du genre, et je veux parler aujourd’hui d’une initiative tout aussi inspirante et excitante : la Librairie Racines. Il s’agit d’un projet d’espace de diffusion littéraire et artistique situé dans Montréal-Nord, espace qui mettra en avant-plan l’histoire et les réalisations des personnes et communautés racisées. Ouverture prévue : août 2017. Le projet est mené par Gabriella Kinté, une militante anti-raciste et féministe (qui attend son premier enfant, félicitations Gabriella!), avec qui j’ai eu la chance de m’entretenir un brin.
crédit : Racines/Facebook
D’où vous est venue l’idée de la Librairie Racines?
Quand j’étudiais au Cégep Marie-Victorin, dans Montréal-Nord, j’avais envie d’en apprendre davantage sur mon histoire et sur la littérature de ma communauté. Je me suis vite rendu compte qu’il est toujours plus compliqué d’avoir accès aux ouvrages écrits par des personnes noires qu’à ceux écrits par des personnes blanches. Les livres d’auteurs.trices racisé.e.s ne sont pas mis de l’avant par les librairies mainstream. Il y a un réel manque de représentation. Je me suis mise à rêver d’un endroit où l’on présenterait principalement la littérature des personnes issues de la diversité.
Crédit : Racines/Facebook
Aussi, à la même époque, je fréquentais beaucoup les espaces communautaires du quartier et j’étais déçue de ne pas trouver en eux des lieux de mobilisation réelle pour la communauté. Puisqu’ils sont souvent des partenaires de l’arrondissement, dont ils dépendent financièrement, il est plus difficile pour ces organismes d’organiser des événements militants, ou de se rassembler autour d’enjeux « chauds » que la communauté a pourtant à cœur (par exemple, la lutte contre le profilage racial, ou une justice pour Freddie Villanueva). J’aimerais ainsi créer un espace militant complètement autonome, où l’on pourrait se rassembler et s’organiser librement.
Donc la mission de la Librairie Racines, c’est…
De mettre de l’avant les auteurs.trices issu.e.s des communautés racisées. Et de créer un espace de discussion et d’organisation pour la communauté de Montréal-Nord.
Qu’est-ce qu’on trouvera à la librairie?
Des livres, des revues, et des ‘zines d’auteurs.trices issu.e.s de la diversité, des idées cadeaux, comme des poupées non-blanches, par exemple.
On essaiera aussi de trouver des ouvrages spécialisés qui représentent mieux les communautés racisées. Par exemple, ces temps-ci, je consulte beaucoup de livres sur la grossesse et la maternité, et ce ne sont que des femmes blanches qui sont représentées!
La librairie sera finalement un espace de diffusion et de travail pour les artistes racisé.e.s, on y organisera des expositions, des performances, etc.
Comment peut-on aider le projet ?
Vous pouvez participer à notre campagne de sociofinancement. C’est aussi possible d’acheter un item sur notre liste de souhait (une cafetière, par exemple), ou encore de donner un cadeau spontané (du thé, des livres, des tasses…) ou finalement, d’offrir du temps. Si des professionnel.le.s ont envie de partager leur expertise en infographie, en rénovation, ou en comptabilité… toute aide est la bienvenue.
Crédit : Racines/Facebook
Avez-vous quelques conseils de lecture, côté littérature jeunesse?
La maison d’édition Mémoire d’encrier a vraiment une belle collection. Il y a évidemment les «Vava» de Dany Laferrière, mais aussi des contes de toutes origines, qui sont de belles introductions aux croyances et modes de vie d’autres cultures.
Crédit : Mémoire d’encrier
Quand peut-on espérer l’ouverture de la librairie ?
L’ouverture est prévue pour le mois d’août 2017. Nous négocions actuellement la location d’un local.
Il ne faut pas oublier qu’il n’est jamais facile pour une personne racisée de louer un appartement, et c’est la même chose pour un local commercial. Il y a beaucoup de discrimination, de préjugés. Parce qu’on est noir.e.s, certains proprios pensent que nous ne paierons pas le loyer, ou que nous allons détériorer les lieux… Nous évoluons toujours dans le contexte du racisme systémique, ce qui crée des embûches de plus pour des projets comme le nôtre.
Alors, on se donne rendez-vous en août dans Montréal-Nord? Et en attendant, on suit la Librairie Racines sur Facebook, on participe à la campagne de sociofinancement!