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Je ne suis pas le parent principal (lui non plus d’ailleurs) : ça épouvante bien du monde
Crédit: Froot/Pixabay

Récemment, j’ai fêté l’anniversaire d’une amie dans un chalet. Étaient regroupés des ami.e.s commun.e.s et des inconnu.e.s (ses ami.e.s à elle, évidemment). J’y suis allée seule, parce que j’en avais envie, et j’ai eu droit à l’habituelle question « ça t’inquiète pas? », qu’on pose souvent à la mère qui sort cinq minutes de chez elle sans sa progéniture. J’ai répondu que mon homme était sans doute un meilleur parent que moi. L’ami de mon amie, en entendant ça, me regarde, gravement. Il me dit : « c’est très dur ce que tu viens de dire là. »

À l’hôpital, après l’accouchement, je me relevais d’une césarienne et d’une grossesse peu évidente (oh, l’euphémisme!). Mon homme prenait soin du nouveau-né (37 semaines) et de sa femme (27 ans). Les infirmières, en parlant de mon homme, disaient qu’il était « une maman ». Le lendemain de mon retour à la maison, quand il est parti à l’hôpital faire peser le bébé, tout seul parce que je venais de me faire littéralement charcuter, il s’est fait demander pourquoi je n’étais pas là.

À mon homme, on a déjà dit qu’on avait inversé les rôles dans notre couple. Que le petit avait besoin de lui, de son père, et que j’étais comme un papa, un parent « le fun à avoir, mais pas essentiel » (whaaaat), en bref. 

Le pire, je crois que c’est le dude qui trouvait ça très dur que je considère que le père de mon enfant est un excellent parent. Parce que c’est significatif, symptomatique, parlant : pour lui, je me diminue forcément en disant ça. Je me vois moi-même comme le parent supplémentaire, le parent superflu.

À la télé et dans les films, c’est quand la mère meurt que le père s’implique, que le père devient, finalement, un bon parent, un parent impliqué, un parent qui s’occupe de son enfant, le torche, lui donne de l’amour et lui fait ses lunches en plus de le slugger sur un terrain de baseball (tant qu’à faire dans le cliché). Le dude, il m’offrait un peu ses condoléances. Il se demandait si j’étais morte, quoi, ou absente, ou négligente, mais non. Je te rassure, dude, je rassure tout le monde : je suis vivante, et si ça m’inquiétait de laisser mon gamin avec son père, je n’aurais pas fait d’enfant au père en question.

Tous ces commentaires me font toujours un peu de peine parce que, bien, c’est moi la maman et qu’il n’en a qu’une, mon gamin : on est un couple hyper trad. de gens cis, hétéros, et mariés dans les faits. On a un chien. On habite en banlieue. Il y a donc trois raisons pour lesquelles je trouve que c’est n’importe quoi :

  • La vérité, c’est que, malgré la perception des gens, on s’occupe de notre gamin de façon à peu près égale dépendamment de nos obligations professionnelles du moment ou de nos activités (il part en tournoi! Je pars en week-end!). Ça, ça veut dire que mon époux est un héros et que je suis un parent négligent, si j’en crois les attentes sociales. 
  • ​Si, nous, les gens finalement très proches de la représentation traditionnelle de la famille dans l’imaginaire collectif, on provoque des mouvements de sourcils, je ne m’imagine même pas à quel point ce doit être envahissant et désagréable pour les familles non-traditionnelles.
  • ​Moi, être un papa, je me révolterais. Manifestement, on vous voit comme des parents superflus ou forcément, obligatoirement moins compétents. Ne désespérez pas cependant : si vous faites l’effort de vous impliquer un minimum avec votre progéniture, de la torcher et d’assumer votre part de charge mentale, on dira probablement de vous que vous avez remplacé la mère.

Peut-être qu’en 2017, on peut accepter l’idée que des parents soient de vrais partenaires égaux dans l’éducation de leurs enfants. Peut-être qu’on peut accepter que ce serait carrément souhaitable qu’ils le soient.

Je sais, c’est très dur, ce que je viens de dire là. 

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