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Trois ans plus tard, les essais sont terminés
Crédit: beeboys/Shutterstock

Fête des Mères 2017. En me levant ce matin-là, elle s’est pointée à nouveau, m’ayant donné des crampes toute la semaine. Je n’ai pas pleuré. Pas sur le coup. Mais ma belle-famille a la très mignonne tradition d’offrir des fleurs aux mamans à la fête des Mères. Cette année, j’ai aussi eu droit à la mienne parce qu’un jour, j’allais aussi devenir une maman. C’était à la fois l’attention la plus belle et la plus déchirante qu’on ne pouvait me donner. La peine, la souffrance viscérale que je connais depuis trois ans, ce n’est rien à côté de ça.

Il y a trois ans, jour pour jour, je disais oui à l’homme de ma vie, de façon plus officielle si on veut, parce que dans nos têtes et nos cœurs, on s’était déjà dit oui. C’est aussi la date où l’on a décidé qu’on laissait aller la vie. Hi! On est énervés, on ne se peut plus, we are living the dream!

C’est là que ç’a commencé. Un mois. Deux mois. Trois mois. Quatre mois. Pas besoin de vous faire de dessin. La madame et le monsieur capotaient un peu tous les mois et lorsque la rivière rouge se pointait, bye bye espoir. Après 11 mois d’essai, on s’est demandé si quelque chose clochait. Attente de rendez-vous, toujours pas de + sur les bâtons. Le rendez-vous arrive et le verdict tombe comme une tonne de briques. SOPK. Syndrome des ovaires polykistiques. 10 % des femmes en sont affectées.

Je vous épargne le détail des dizaines de traitements. Noël 2016. J’ai maintenant 29 ans. Je me suis toujours dit qu’à 28 ans, si je n’étais toujours pas maman, et que je n’avais personne de sérieux dans ma vie, je prendrais les choses en main (oui, j’ai toujours pensé finir seule : syndrome Gilmore Girls). J’ai encore mes règles. Le sentiment ne s’explique tout simplement pas. Celles qui vivent ça savent. Même nos maris (ou conjointes), ceux qui soutiennent leurs femmes avec dévotion et sans faille, ne peuvent comprendre ce qu’on vit. La panique est prise dans le bateau. Le naufrage ne pourrait être plus imminent.

Février 2017. On commence un autre type de traitement. Celui avec des injections. On est remplis d’espoir et d’optimisme à nouveau! On va avoir un suivi plus serré, un contrôle sur l’ovulation, bref, je vous ai dit qu’on était remplis d’espoir? Malgré cela, pas de bébé en vue.

Malheureusement, notre infertilité est trop souvent réduite à des jokes de pipi-caca-poil et de pénis dans le vagin. Oui, rire de nous, en plein visage, cela nous est arrivé. L’infertilité, ce n’est pas une joke de gars qui n’est pas capable de faire l’amour à sa femme. Ce n’est pas une histoire passagère qui se termine lorsqu’on lâche prise.

Un conseil, ne demandez pas avec insistance « c’est pour quand les bébés? ». Quand quelqu’un vous parlera d’infertilité, ne lui dites pas de lâcher prise! Je ne serai peut-être jamais enceinte, le happy end n’arrive pas pour tout le monde. On a trop entendu : « Si t’es pas capable, je peux prendre ta place si tu veux! ». C’est tout sauf drôle. Quand le couple qui vit avec l’infertilité vous parle d’adoption, ne vous fermez pas. Pour eux, c’est sans doute le dernier espoir de fonder une famille, non par dépit, mais par amour. Parce que l’amour qu’ils ont en eux veut se frayer un chemin pour grandir encore plus.

Le 24 mai 2017, on a fêté notre troisième anniversaire de mariage et on a décidé que c’était assez. Nous sommes encore deux. Trois avec notre boule de poil d’amour. C’est elle, notre bébé. Les gens ne nous comprennent pas, mais à nous trois, on forme une famille.  On se rend compte aujourd’hui que ça fait trois ans qu’on le demande à la vie, ce petit miracle. Le pire dans tout ça, c’est qu’à force de se battre, de se remonter après être descendus si bas, on n’a même plus la force de devenir parents. On n’a plus la force de s’aimer comme avant, de s’aimer comme des amoureux.

Aujourd’hui on tourne la page sur trois ans d’attente, mais sur plus d’un an de médicaments, de rendez-vous, d’espoirs, de désespoir, de cris, de pleurs, et trop peu de joie. On réapprend à s’aimer. On réapprend à se connaître. On réapprend à être nous. Pas deux êtres qui tentent d’en faire un autre. Personnellement, je réapprends à vivre. Je réapprends à être moi. Je réapprends à aimer mon homme. Je réapprends à rêver. Je lâche prise. Je lâche la grappe à mon homme qui, même s’il ne fait que venir dans un pot tous les mois, en a aussi bavé. J’ai acheté des billets pour le voyage d’une vie, celui qu’on rêve de faire depuis toujours.

Je vous entends déjà dire « Ah! Elle lâche prise! Elle va sûrement tomber enceinte pendant son voyage! ». Dites-vous plutôt qu’on se fait un cadeau, celui de se donner encore une chance. J’emmerde la vie pour les épreuves qu’elle met sur ma route et je lui fais le plus beau pied de nez en me promettant de profiter d’elle quand même à CHAQUE SECONDE.

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