Le beau soleil et le temps chaud qui grimpe peu à peu m’a forcé à ressortir mes shorts, à manger moins gras et faire du vélo pour rentrer dans lesdits shorts et pour me pousser à faire des activités dehors. Nouvelle maison, nouveau quartier, cela veut également dire nouveaux parcs. Fac’, l’enfant et moi-même partons l’autre jour explorer les avenues du plaisir et de la bonne entente de l’île où nous habitons pour finalement trouver un mignon et bucolique parc, parfait pour que le p’tit puisse jouer.
(Lire la suite avec une touche de sarcasme svp!)
Seulement voilà : de kessé que j’vois quand j’arrive là? Des mères. Pas seulement une ou deux mères assises sur un banc pour se jaser poliment, non. Un groupe, debout, riant, se touchant les coudes et se caressant les cheveux pis tournant sur elles-mêmes avec leurs beaux foulards et grosses lunettes fumées. J’aimerais dire que ce n’était qu’un hasard, une fois parmi tant d’autres, mais non.
Quelques semaines plus tard j’me suis pointé au même parc, et cette fois-ci c’était les pères. Assis sur la table à pique-nique, verres à bière réfrigérés, camisoles pastel, bras sculptés et camaraderie virile débordante. Si ce n’était que les parents, ça ne me dérangerait pas trop. Mais non, leurs enfants étaient également tous comme des cartes de mode, jouant ensemble, complices donc difficile pour un p’tit gêné de 4 ans de s’y intégrer. C’est difficile pour lui, mais ça l’est encore plus pour le Dada.
Bon. À quel moment ‘fallait que je m’inscrive moi là, au Club des Ami.e.s du parc? Y’est où le site Internet avec l’horaire des parents tout seuls et enfant tout seul?
Depuis que mon p’tit est parmi nous, c’est de même. J’me pointe dans un parc pis j’arrive toujours sur les groupes tendance et branchés, les cols du secondaire qui sont maintenant devenus des milléniaux habitants d’immenses maisons épurées et rustiques-chics. Je suis toujours éberlué devant ces adultes cool, avec leur Starbucks dans une main et leurs ongles parfaits.
J’ai essayé dans le passé – bon d’accord peut-être pas avec toute l’ardeur du monde – d’intégrer les petites cliques de parents cool, mais la charge semble beaucoup trop grande pour moi. Les parents cool, la plupart du temps, se connaissent depuis des années et ont déjà partagé leurs histoires de déchirure jusqu’à l’anus, de leur première dent à la première journée à la maternelle.
Moi j’suis l’outsider. Je sais que je détonne toujours un peu. J’suis pas le parent type ni mon gamin. Je vis toujours avec l’impression que j’suis un imposteur, que je ne devrais pas vraiment être là, parmi tous ces gens magnifiques, ces adultes casés, rangés, sûrs de leurs choix. J’ai le sentiment que mes anecdotes sont trop weird parmi les discussions de dudes, jogging, voyage dans les îles turquoise et yoga qui peuplent le parc.
Je sais que vous devez ben être quelque part, cher autre parent hors de la clique. À vous, j’vous dis allô. Que vous soyez nouveau.elle au parc parce que vous venez de déménager, ou bedon vous êtes nouvellement en congé parental ou que vous vous êtes perdu.e., j’suis avec vous. J’vous vois là-bas, dans le coin un peu en retrait, regardant discrètement votre téléphone avec votre chandail taché de ketchup, votre enfant avec la face pleine de sable pis votre restant de McDonald’s qui traîne dans votre char. J’vous dis que vous z’êtes pas tout.e seul.e. J’suis là.
En attendant, j’vais continuer à braver les cool et les cliques, continuer à le faire pour mon p’tit. Dans l’espoir qu’il se fasse des ami.e.s, dans l’espoir de tomber sur le bon parent, le bon enfant, pis enfin me sentir à l’aise d’arriver au parc sans avoir passé 25 minutes à me peigner pis à agencer mes sandales avec ma camisole.