Disclaimer : Je travaille pour la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), une organisation qui représente plus de 130 000 personnes travaillant dans le monde de l’éducation, dont plus de 65 000 profs. Je suis aussi un homme blanc nord-américain doté d’une personnalité extravertie (par moments), et qui a eu une foule de modèles positifs de gens comme moi qui ont pris (de façon éloquente) la parole en public, ce qui fait que j’ai une certaine aisance à le faire.
Quand j’ai lu ce matin cette nouvelle du Journal Métro qui rapportait la démarche d’une maman qui militait pour l’abolition des exposés oraux à l’école, j’ai tout d’abord cru que cela s’inscrivait dans une certaine mouvance prônant l’abolition des examens et j’ai passé mon chemin. Je l’avoue, je suis coupable de ne m’être arrêté qu’au titre.
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Au fil de la matinée cependant, le sujet refaisait apparition de façon plutôt soutenue dans mon feed Facebook et j’ai su qu’on assistait alors à une controverse. C’est à ce moment que j’ai pris connaissance, un peu médusé, des raisons sous-jacentes de la requête que cette mère de famille (et enseignante) a adressée au ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx. Demander au ministre de l’Éducation d’abolir les exposés oraux parce que ses enfants n’aiment pas ça, il faut le faire, quand même!
Un apprentissage important
Comprenons-nous bien : il est normal qu’un parent cherche le mieux pour sa progéniture et souhaite l’épargner de situations dans lesquelles il risque une blessure physique ou émotive. De là à vouloir changer l’entièreté du système éducatif pour répondre aux besoins spécifiques de son seul enfant, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir. Éprouver des difficultés fait partie de l’apprentissage, on ne peut être bon dans tout et c’est important de travailler sur nos faiblesses autant que sur nos forces (parlez-en à mes profs d’éducation physique!).
Je peux comprendre que d’être confrontée à une situation de prise de parole en public, ce n’est pas facile pour la progéniture de cette maman. Cependant, comme me l’ont dit plusieurs profs, il existe plusieurs mesures adaptatives qui peuvent être mises en place pour les élèves qui éprouvent de grandes difficultés à s’exprimer devant un groupe sans pour autant abolir tout l’exercice. Certain.e.s profs suggèrent même à leurs élèves qui vivent de l’anxiété face à l’exercice de faire leur présentation orale seul.e à seul.e. De cette façon, on accompagne les élèves dans le développement d’une habileté qui leur sera utile leur vie durant.
D’ailleurs, il y a dans nos commissions scolaires, des tonnes de professionnel.le.s et d’employé.e.s de soutien qui peuvent venir en aide aux élèves qui éprouveraient de graves problèmes d’anxiété ou d’autres obstacles à leur réussite éducative.
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Faire confiance aux profs
Au final, comme parent, je crois qu’il est important que nous fassions confiance aux profs qui connaissent leur classe, les méthodes pédagogiques appropriées et qui sont les mieux placé.e.s pour personnaliser leur enseignement aux besoins spécifiques de chaque élève. Il est même prévu dans la Loi sur l’instruction publique (LIP) que l’enseignant.e a le droit de choisir les instruments d’évaluation des élèves qui lui sont confiés de manière à mesurer l’atteinte des objectifs pédagogiques de chacun. Au nombre de ces objectifs : l’expression orale.
Il est tentant de croire qu’on sait mieux que le prof de nos enfants ce qui est bon pour eux. Sur plusieurs aspects, c’est la vérité. On connaît nos enfants mieux que personne. Les profs, eux, c’est l’éducation qu’ils connaissent mieux que nous. Ils ont la formation, l’expérience et l’expertise pour aider nos enfants à développer leur plein potentiel. Ils.elles doivent être ouvert.e.s à la critique, certes, mais ils.elles n’ont pas besoin de leçon de pédagogie de notre part, ils.elles ont besoin de notre collaboration. Ils.elles ont besoin de notre confiance. C’est pourquoi j’affirme que je fais #ConfianceAuxProfs dans leurs méthodes d’enseignement et d’évaluation.
Les présentations orales, ça vous stressait ou pas?