J’avais une bosse au sein qui avait 98 % des chances d’être un fibroadénome, une masse bénigne. Pour éliminer le 2 % de chances qu’il s’agisse d’un cancer du sein, on me suggérait de faire une biopsie. Si jamais il s’agissait d’un cancer et que je tombais enceinte, la tumeur grossirait énormément à cause des hormones, et le traitement deviendrait hyper compliqué à cause du bébé. Je serais peut-être même confrontée au choix d’arrêter ma grossesse ou non. Je n’ai donc pas pris de chance. J’ai opté pour la biopsie.
J’étais très nerveuse même si une dame m’avait dit dans la salle d’attente que ça ne faisait pas mal, la biopsie. On m’a fait des injections pour faire une anesthésie locale, puis une minuscule incision (qui n’a pas laissé de cicatrice par la suite). Ce qui surprend, c’est l’instrument qui prélève des petits morceaux de chair. Moi j’imaginais une grosse seringue. Oh que non. C’est comme une espèce de fusil avec une pince au bout. Ça fait « clac » à chaque fois qu’un bout de tissu mammaire est prélevé. J’ai pleuré pendant toute l’intervention. Même si je n’avais pas mal. Je ressentais juste une sorte de pression dans mon sein. Mais j’étais secouée par des gros sanglots incontrôlables. Les nerfs, j’imagine. Je n’ai aucune idée comment le médecin a pu faire son intervention. Il doit être habitué.
Je suis ressortie de là assez remuée. Plus par l’idée de ce qui venait de se passer que par une quelconque douleur. Je ne devais pas prendre de douche le lendemain pour ne pas risquer de mouiller le pansement. Je l’ai fait quand même, puisque je commençais un nouvel emploi. Pas question de commencer un nouveau job les cheveux sales! Levez la main celles qui se sont déjà collé un sac ziploc sur un sein avec du gros tape. J’en ris encore.
Tels qu’attendu, les résultats pour le cancer ont été négatifs. C’était bien un fibroadénome, une tumeur bénigne qu’il fallait surveiller avec une échographie aux deux ans, sans plus. J’étais soulagée. Et contente d’avoir fait l’examen. Je n’aurais pas aimé avoir ce petit doute dans la tête (la menace du cancer) si j’étais tombée enceinte. Même si le risque était faible. Même si la biopsie m’a assez traumatisée pour brailler ma vie devant mon (si séduisant) dentiste quelques mois plus tard. C’était plus fort que moi : l’injection de l’anesthésie locale me rappelait la biopsie. Je n’arrivais pas à rationaliser et à me calmer. Mon corps se souvenait. Ma tête aussi. Heureusement, il a été super fin et compréhensif, et toute son équipe aussi.
Malgré tout, je suis heureuse d’avoir investigué. D’avoir fait l’auto-examen, d’avoir fait les tests. Car si ça avait été un cancer, ça m’aurait probablement sauvé la vie de découvrir la bosse à temps. Parce que oui, c’est peu fréquent, mais ça arrive, des jeunes femmes de moins de 35 ans à qui on diagnostique un cancer du sein. Qui le combattent. Et qui s’en sortent.
Comme la merveilleuse Lili Sohn, qui aborde le sujet de son cancer avec authenticité et humour, et qui a illustré cet article. Allez voir son blogue, que j’adore.