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Les mamans d’enfants handicapés : mon combat féministe!
Crédit: Sergey Nivens/Shutterstock

À la base, lorsqu’une situation est injuste, peu importe le domaine, je me lève. J’ai l’objection assez facile. L’un des hommes que je fréquentais m’a déjà qualifiée d’avocate chiante! Vous comprendrez que ça n’a pas duré et qu’il n’est pas le père de mes enfants. J’aime beaucoup m’obstiner et souvent, on m’insulte, faute d’arguments!

J’ai trouvé chaussure à mon pied avec mon conjoint. Il argumente intelligemment, n’est pas fort sur les insultes, n’a pas peur de me pousser au bout de mes questionnements et est très fier quand je lui donne raison. Oui, je le fais! Je lui dis même merci quand il me porte plus loin dans mes réflexions. Je fais la même chose avec mes ami.e.s! Le pouvoir de l’argumentation intelligente, c’est ça! Par contre, c’est rare ce type d’échange. L’insulte est tellement plus facile!

Dernièrement, je discutais avec une personne que j’estime beaucoup et je lui expliquais que la reconnaissance des mères d’enfants autistes ou/et handicapés, c’était ça, ma cause. Pas vraiment l’autisme en soi! Je comprends la confusion, car à première vue, mes textes semblent parler de l’autisme mais si vous portez attention, vous allez voir que ce sont mes batailles dont je parle, pas tellement de l’autisme de ma fille. Les droits des mamans d’enfants handicapés, c’est mon combat féministe! À chaque fois que je dis ça, les gens ne sont pas certains, mais je vous explique mon point!

Comme plusieurs mamans d’enfants handicapés, la perte de ma carrière est liée au diagnostic d’autisme modéré à sévère de ma fille. Quand l’autisme a été soulevé, elle a perdu sa place en garderie. Dans les jours qui ont suivis, j’ai perdu ce pour quoi j’avais tant travaillé : mon indépendance financière.

Pourquoi? Parce qu’on me demandait toujours moi! Quand j’osais envoyer ma fille avec son père pour un rendez-vous de suivi ou même pour une prise de sang, on lui demandait où était la mère! Je ne parle pas d’un rendez-vous important ou d’un examen majeur et encore moins d’une intervention considérable! Une prise de sang! Ma fille est autiste, elle avait trois ans, oui elle risquait de faire toute une crise quand on lui mettait une aiguille dans le bras, mais que je sois présente ou non, elle allait faire une crise quand même! De toute façon, bien honnêtement, à cette époque-là, mes connaissances en autisme étaient bien basses et ma présence était loin d’être plus réconfortante que celle de papa.

Bref, je devais et je dois encore être la première répondante, car je suis la mère! Je dois me dévouer à mon enfant corps et âme parce que je suis la mère! Je dois rester à la maison, même si je n’ai jamais souhaité ça, parce que je suis la mère!

Après des années sur les bancs d’école à bûcher, à étudier plus que les autres et à en faire toujours plus pour obtenir des bonnes notes, on me retournait à la maison. J’étais féministe au plus profond de mon être. Je croyais à la liberté des choix. Je croyais que nous étions rendu.e.s là. J’avais tort. Dès le moment où vous êtes une femme qui porte la différence, quelle qu’elle soit, même celle de votre enfant, ces choix, ils fondent et ils deviennent beaucoup plus limités.  

On m’a renvoyée à la merci de mon conjoint. Fort heureusement pour moi, il a été bon avec moi et il l’est encore. Si j’avais été monoparentale, ça aurait été l’aide sociale, la pauvreté. Pourquoi? Parce que je suis la mère!

Des histoires tristes à pleurer, des femmes qui sont dans des situations vulnérables à plusieurs niveaux, parce qu’elles ont un enfant handicapé, j’en lis chaque semaine depuis que je blogue! Ce qui m’enrage le plus, c’est que non seulement elle subissent, mais en plus, on les fait sentir cheap quand elles le dénoncent! C’est leur job de mère, t’sais…

Et on me demande pourquoi je talonne autant les député.e.s et les ministres? Pourquoi je les interpelle sur les réseaux sociaux ainsi que par courriel?

Ce combat n’a rien à voir avec l’amour que je porte à ma fille ou avec l’acceptation de sa différence. C’est uniquement une question de respect pour moi et pour celles qui vivent les mêmes contraintes.​ Je m’oppose parce que c’est une réalité que je connais bien, parce qu’à la base, ça fait partie de moi de me lever, mais surtout, parce que les droits des mamans d’enfants handicapés ne sont pas gagnés et oui, c’est un combat féministe qui a trop longtemps été oublié!

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