Mon fils a 1 mois. Je le sors timidement en public pour la première fois. Mon chum et moi décidons d’aller passer l’après-midi au Festif de Baie Saint-Paul. Il fait chaud. Ça me fait un bien fou de voir des gens et d’entendre de la musique. Alors que la marée monte, la température rafraîchit rapidement. Nous avons 500 mètres à parcourir pour atteindre la voiture et prendre un vêtement plus chaud pour notre fils. Sur cette courte distance, au moins quatre personnes nous apostrophent en nous disant que notre bébé n’est pas assez habillé et qu’il va avoir froid. Une femme nous ordonne même d’aller le couvrir immédiatement.
Cette anecdote m’est revenue en tête après avoir lu cet article. Je me suis dit : « Pauvre Marie-Mai, elle n’a pas fini… » Je l’ai imaginée comme cette héroïne dégringolant un long tunnel sombre, ne sachant pas ce qui l’attend.
Je trouve que c’est un bon exemple de ce que nous vivons toutes, à plus ou moins grande échelle. Avant sa grossesse, lorsqu’on parlait de Marie-Mai dans les médias, on parlait de ses spectacles, de ses projets, de son look… Depuis qu’elle a donné naissance à sa petite Gisèle, j’ai l’impression que les projecteurs sont braqués uniquement sur sa vie privée. On oublie la chanteuse professionnelle. Pire, je suis prête à gager que si, par hasard, elle a le goût de retourner travailler rapidement, elle aura droit à une attaque en règle de l’escouade de la mère parfaite. Elles seront légion à lui rappeler par le biais du Web que « sa fille est bien trop petite pour être séparée de sa maman comme ça. »
Il y a aussi un double standard dans le traitement réservé aux nouveaux parents. La mère essuie en général toutes les critiques. Prenons un autre exemple. Jean-Philippe Wautier, animateur à Radio-Canada, est all over the place. Émission de radio, deux émissions de télé, gala, spectacle… Hors, M. Wautier est papa de deux très jeunes enfants. Avec une telle charge de travail, on se doute qu’il doit manquer la routine du dodo plus souvent qu’à son tour. Et pourtant. Est-ce que le public a remis en question ses choix professionnels relativement à son rôle de père? Est-ce que la police du Web a donné son avis sur le choix du prénom de son enfant?
En se permettant de remettre en question les choix des nouvelles mères de cette façon, que ce soit une question de vêtements, de prénom ou de retour au travail, on les discrédite. On les attaque. Après m’être fait dire d’habiller mon garçon comme il faut sur la rue, je me sentais mal. Ce que j’ai entendu dans ces commentaires, c’est : « tu n’es pas une bonne maman ».
Il est temps de faire la révolution au pays de la maternité. Pour que les femmes qui y arrivent après une tumultueuse descente s’y sentent accueillies, dans la bienveillance et le respect.
Arriverons-nous à apprendre à nous mêler de nos affaires?