Il a fallu 30 heures à ma mère pour qu’elle accouche de moi. Pendant mon enfance et mon adolescence, la veille de mon anniversaire au matin, elle regardait l’horloge et disait : « Ah! À cette heure-là, j’étais entrée à l’hôpital! » Le rituel me faisait vivre des émotions contradictoires. J’aimais qu’on me rappelle l’histoire de ma naissance : mon entrée triomphale dans la vie! En même temps, j’avais l’impression qu’on m’enlevait une partie des projecteurs. C’était mon anniversaire après tout, pas le sien.
Je peux finalement dire à ma mère que je comprends.
Ma fille a eu 1 an cette semaine. Nos fêtes ont 3 jours de différence. L’année dernière à cette période, chaque journée qui passait me donnait plus hâte d’accoucher (42 semaines = pu capable). Mais aussi, je voyais dangereusement sa future date de fête approcher de la mienne. Je me disais que si on partageait la même date de naissance, j’allais en avoir pour longtemps à oublier le jour de mon anniversaire.
Cette année-là, j’ai oublié mon jour « spécial ». Le jour de mes 31 ans, je sortais de l’hôpital après une césarienne d’urgence. Au départ, J’avais imaginé passer quelques heures en Maison de naissance, donc après cinq jours à l’hôpital, j’avais bien hâte de rentrer. J’étais trop préoccupée par faire rentrer mes pieds enflés dans mes bottes et par le stress du retour à la maison en voiture pour penser à mon année en plus. Je répondais à chaque personne qui m’appelait pour me souhaiter bonne fête avec un silence d’incompréhension. Ma fête…? Ah ouais.
Finalement, cette semaine, ce n’est pas à mon anniversaire que je pense, mais au nôtre. À cette journée où ma fille a fait son entrée retentissante dans la vie et où moi, je suis devenue une maman.
Cette dernière année, je n’ai pas tout à fait été moi-même. Et en même temps, j’ai été exactement et imparfaitement la personne que je suis. Un an que je vis les émotions les plus extraordinaires et les instants les plus difficiles à la fois. Un an que j’ai la grande responsabilité d’aimer, protéger, prendre soin, faire grandir, éduquer un mini humain. Il y a maintenant un an que j’ai un poids supplémentaire constamment sur mes épaules, que l’inquiétude me guette à chaque instant. Un an qu’une partie de mon cœur marche à mes côtés. Vulnérable.
Je pense que nous, les femmes et les mamans, en faisons beaucoup. Je me demande même parfois comment le monde continuerait de tourner sans nous. On mérite de célébrer notre travail. Cette semaine, je ne m’oublie pas. Je célèbre la fête de ma fille, mais aussi ma journée spéciale à moi, ma naissance de maman : mon maman-versaire.
Célébrez-vous votre anniversaire de maman?