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Le parent épouvantable et la Police des Médias Sociaux
Crédit: Lina_R/Shutterstock

J’pensais que c’était parce que mon sens de l’humour était défectueux. Au travail et sur les médias sociaux, je fais rire tout le monde sur tous les sujets. Sauf un.

Puis, la semaine dernière, Josiane nous racontait l’histoire d’un échange Facebook où tout le monde postait dans la bonne humeur jusqu’à ce qu’une maman vante les mérites de son nouveau cadeau :


Farces et Attrapes, véritables pièges pour la Police des Médias Sociaux
Crédit: Crank Pack Genuine Fake Boxes / crankpack.com 

C’est là que le fun est mort. Net. Fret. Sec.
Les soins aux enfants, on ne rigole pas avec ça. 

Pour lui donner une leçon, Facebook au grand complet s’est mis à shamer la pauvre maman et à remettre en doute chacune de ses compétences parentales. Internet est devenu un guichet automatique à jugements où y’a pas besoin d’avoir ni carte ni solde bancaire pour y faire un retrait.

Parce qu’on s’entend, il n’y a pas de meilleure source de conseils qu’une armée de gens sans visages qui jugent une photo en 140 caractères en utilisant des mots qu’ils n’oseraient jamais dire en face à face. Jamais.

On dirait qu’on a le droit, nous, mamans et papas, de rire de notre manque de sommeil. De notre ventre mou. De notre café froid. Tout le monde est bien prêt à rire avec nous de nous. Mais dès que la blague dépasse un peu sur le territoire de notre enfant… Y’a comme un inconfort. Tout est pris au premier degré, tout est pris avec méfiance. 

« Et si c’était pas une blague… », « Si l’enfant était vraiment maltraité? » À moins d’être sur le stage de l’Olympia et d’avoir un diplôme de l’école de l’humour (ou de s’appeler Blaise Durivage), il semble qu’il n’y ait pas moyen de faire une blague sur les soins qu’on prodigue à nos enfants sans être pris au premier degré.  Certains collaborateurs ici en savent quelque chose.

Pourtant, quand le quotidien est lourd, ça fait tellement du bien de juste en rire. Ça dédramatise. Ça allège. Ça chasse le gris de la routine et du quotidien. Mais non, l’expérience nous montre qu’on est mieux de rire de nos Cheerios sur le plancher et de notre statut d’indigne, c’est plus safe que de rire de l’hypothétique idée que notre belle pédicure a été faite pendant que le p’tit chantait Vive le Vent avec les amis de la garderie.

Pendant mon congé de maternité, j’ai souvent déguisé ma fille pour ensuite mettre les photos sur Facebook. Les réactions étaient mitigées, et c’est peu dire. J’avais autant de « cute! » que de « pauvre elle, franchement! ».  Comme si l’humour et la parentalité n’allaient ensemble que lorsque la partie parentale fait les frais de la joke

Crédit : Julie Marchiori

J’ai eu ma leçon. Des blagues comme celles-ci, je n’en fais plus. Je n’ai pas l’énergie ni l’envie de dealer avec le backlash que ça peut causer. J’ai pas envie d’expliquer les mécanismes et les fonctionnements de l’humour utilisé.  J’ai pas envie de mettre en caps « AUCUN ENFANT N’A SOUFFERT DANS LA PRÉPARATION DE CE CANULAR ». Je n’ai pas envie de dealer avec la Police du Parent Épouvantable qu’on retrouve partout sur les médias sociaux.

On est en 2017.  Je demande deux choses.

Un. Est-ce qu’on peut se dire, surtout cette année, que tout ce qu’on voit sur Internet n’est peut-être pas nécessairement la vérité vraie? Qu’il existe un deuxième degré? 

Deux. Est-ce qu’on peut juste être moins rapide sur la gâchette du jugement sachant pertinemment que souvent, il s’invite dans la conversation sans être le bienvenu?
 
On fait tous ce qu’on peut, du mieux qu’on peut. Et quand l’instant demande une dose d’humour, la baffe du jugement, c’est souvent ce dont on a le moins besoin.

Avez-vous suscité des controverses inattendues? Est-ce que ça a dégénéré? 

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