À vous qui, dans un souper de famille à Noël, me direz : « Tu as une bonne job, un bon chum, manque juste les bébés! »,
Je vous dirai qu’on y pense sérieux et que ça va venir, mais sachez qu’au fond, j’aurai certainement envie de vous demander à partir de quand les autres ont obtenu le droit de décider que j’étais prête pour avoir des enfants. Que je ne savais pas qu’il y avait un moment dans ma vie où les gens avaient la responsabilité de me dire que ce qu’il manquait à ma vie, c’était un bébé.
À vous qui me regarderez avec la fille de ma cousine dans les bras et me direz : « J’te dis que ça te fait bien un bébé! Tu devrais essayer ça plus souvent! »,
Je rirai probablement à ce fabuleux commentaire que j’ai entendu au moins 150 fois dans les trois dernières années, mais si vous prenez le temps de vraiment m’écouter, vous réaliserez qu’il y a des heures de pratique derrière cet éclat de rire qui n’a rien de naturel ou d’honnête.
À vous qui allez y aller plus subtilement en disant à ma mère qu’elle ferait une formidable grand-maman tout en me faisant un clin d’œil,
Ma mère et moi, on va certainement se faire un petit sourire complice. Vous vous direz que c’est notre façon de vous dire que vous avez vu juste, mais dites-vous que ce sera plutôt le sourire d’une mère qui réconforte sa fille en lui rappelant qu’elle sera une super grand-maman le jour où elle, et seulement elle, décidera d’être une maman.
À vous, qui dans une soirée, nous direz : « Ça doit bien être vous autres les prochains à nous annoncer une grossesse! »,
Je vous répondrai probablement qu’on se pratique en masse, vous laissant croire que mon chum et moi, on passe toutes nos nuits à faire l’amour passionnément, mais rappelez-vous qu’au fond, ce que j’aurai vraiment envie que vous compreniez, c’est que la vie a décidé que je ne serai probablement pas la prochaine et peut-être même pas l’autre d’après. Que 2016 semble avoir décidé de nous mettre à l’épreuve et que ce n’est pas que je ne veux pas, mais que je ne serai pas la prochaine à avoir un shower de bébé.
À mes amis qui, au jour de l’an, vont regarder si je prends un verre de vin ou si c’est ce soir que je vais enfin vous faire la grande annonce,
Je vais sûrement être la première à crier Shooter! et à danser debout sur le divan, mais sachez que je ferai ça pour ne pas devoir passer la soirée à répondre à la fameuse question. Qu’au fond, j’aurais bien aimé arriver avec ma bouteille de Perrier, mais que ce ne sera pas pour ce mois-ci.
À vous tous qui penserez bien faire en me souhaitant du bonheur, la santé et un bébé pour la nouvelle année,
Je vous remercierai certainement pour ces beaux vœux qui me feront chaud au cœur, mais dites-vous qu’à chaque fois que vous évoquerez le fait que je ne suis pas encore une mère, et qu’à tous les coups, il y aura une petite partie de moi qui se brisera.
À vous tous,
Je ne vous en voudrai pas. J’ai aussi hâte que vous de vous annoncer la bonne nouvelle, mais d’ici là, est-ce qu’on peut manger de la dinde, de la tourtière et prendre un bon verre de vin… pendant que je peux encore!?
Joyeux temps des fêtes!