J’étais prête, c’est pas compliqué. À partir de 39 semaines, je me réveillais chaque matin en me disant : « c’est aujourd’hui! »
J’ai marché trois kilomètres par jour. J’ai lavé les planchers à quatre pattes deux fois plutôt qu’une. J’ai fait des squats en imaginant mon bébé descendre dans mon bassin. Allô, là-dedans, c’est parce qu’on est rendus à 40 semaines là!!! J’en peux plus d’attendre!!! Deux jours plus tard, j’ai un rendez-vous chez le médecin. Je veux un streeping, ça presse! Ce soir-là, j’ai dit à mon chum : « j’accouche demain ». Il a ri…
La nuit suivante, je l’ai passée dans le bain à gérer des fausses contractions. Le lendemain, vers midi, les vraies contractions ont commencé, mais je ne le savais pas encore. Niveau douleur, ça ressemblait beaucoup à des maux de ventre prémenstruels.
15 h : Les contractions deviennent plus rapprochées et plus intenses. Je suis couchée dans le lit à regarder Benjamin Button #SuchBeautifulMovie
16 h : Je décide de texter mon chum pour l’avertir (y’était temps). Il est en route. Je suis rassurée.
17 h : Mon chum prépare notre départ. Je suis toute nue dans le lit, à quatre pattes, à gérer mes contractions qui sont de plus en plus rapprochées. Pas question qu’il me touche, je veux être dans ma bulle.
18 h : J’ai des contractions aux trois-quatre minutes qui durent entre 30 et 45 secondes. J’attends qu’elles durent une minute avant de donner le go pour l’hôpital… Je prenais très au sérieux ce qu’on m’avait dit aux cours prénataux.
18 h 15 : « J’en peux plus, on s’en va à l’hôpital, aide-moi à m’habiller. »
18 h 30 : Je suis pognée dans le siège côté passager. Je ne peux pas étendre mes jambes. Je ne suis pas bien et nous avons trente minutes à faire. Les contractions sont fortes. Près de l’hôpital, il y a un détour dû à la construction d’une nouvelle route. Mon chum sacre et se fond en excuses.
19 h : On est devant la porte de l’hôpital. Enfin!
Une infirmière nous aperçoit : « pour le troisième? », demande-t-elle. Je ne pose pas de question, j’écoute ce que la madame me dit, elle voit bien ce qui se passe avec la grosseur que j’ai et mes difficultés évidentes à marcher. Arrivée à l’étage, la secrétaire ne comprend pas ce que je fais là, c’est le mauvais étage. Oh great! Une contraction! Je m’agrippe au comptoir. Elle me demande si je souhaite qu’on m’apporte un fauteuil roulant, mon chum accepte pour moi. Elle revient avec une chaise d’ordinateur. Il n’y a plus de fauteuil roulant. Je ne suis pas difficile, je m’installe et zoum, on roule jusqu’à l’ascenseur.
Enfin! Je suis au bon endroit, on me prend en charge. L’infirmière m’aide à mettre la fameuse jaquette bleue. Le bandeau BUFF prend le large. Bye bye, l’outfit prévu depuis des semaines. Elle m’examine et m’annonce que je suis ouverte à 9 centimètres et plus…
« Ne pousse pas, j’appelle le médecin. »
Quoi? J’ai de la misère à placer mes idées. Je demande l’épidurale. L’infirmière s’approche doucement, place sa main sur la mienne : « ma belle, il est vraiment trop tard pour l’épidurale »…
Oh! Nice! Je panique un peu beaucoup. Mon homme essaie d’être rassurant et je n’ai pas vraiment le temps de penser plus longtemps.
Ça pousse.
Suit une longue période de poussée. Je grogne, je suis une tigresse. Je ne compte plus les contractions. J’ai perdu la notion du temps. J’ai les yeux fermés, il n’y a que moi, la main de mon chum et cette douleur qui revient encore. La docteure me pose des questions et je ne suis pas capable de lui répondre.
J’entends pitocin!?! J’ai peur. La médecin me convient que le travail va aller plus vite. J’accepte. Effectivement, mes poussées sont plus longues donc plus efficaces. Je comprends enfin comment bien pousser, mais le cœur de mon bébé s’affaiblit. Il s’essouffle dans cette longue course qui dure depuis maintenant deux heures et moi aussi. La médecin me dit qu’elle devra utiliser la ventouse si le bébé ne sort pas bientôt.
Quoi? Non pas ça. Je ne veux pas.
J’entends mon chum me chuchoter à l’oreille : « vas-y chérie, t’es capable, je sais que tu ne veux pas de ventouse ».
Je me redresse dans le lit. Je donne tout ce que j’ai. J’hurle. En trois contractions, mon bébé est sur moi. Enfin! Il est 22 h 09.
Je ne réalise pas vraiment ce qui se passe, c’est surréel. Mon chum m’annonce que c’est une fille. Notre Clara. Elle est si belle.
Finalement, elle aura attendu le 11 août. Après tout, c’est la fête officielle du prénom « CLARA ». Juré, craché, ce n’était pas prévu.
C’est pas toi qui décides, mais ça reste la plus belle des surprises.