Le 6 décembre 1989. Je n’oublierai jamais cette date, elle est marquée au fer rouge dans ma mémoire.
J’avais 18 ans, j’habitais encore chez mes parents, j’étudiais au cégep dans la ville voisine. Je me souviens que ce soir-là, j’avais hâte de rentrer chez nous, c’était l’anniversaire de ma petite sœur chérie qui fêtait ses 10 ans. Je suis arrivée comme d’habitude vers cinq heures. Ma mère écoutait la radio en préparant le souper. J’ai cherché ma sœur, l’ai prise dans mes bras. On riait, l’ambiance était à la fête. Jusqu’à ce qu’on annonce au bulletin de nouvelles qu’une tragédie était en train de se dérouler à l’École Polytechnique. On a allumé la télé en background. Et là, au fil des minutes qui passaient, les images ont commencé à apparaître. Des civières qu’on sortait à la course, une tonne d’ambulances et d’autos de police qui flashaient dans le noir, la confusion qui régnait. Une tuerie avait eu lieu.
Quand on a su que le tireur fou avait ciblé uniquement des femmes, je me souviens de ma grande incrédulité face à tant de haine : pourquoi? Pourquoi il en voulait à ce point à de jeunes étudiantes en génie? Qu’est-ce qui pouvait justifier ça? Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi un gars pouvait se sentir menacé par des filles qui souhaitaient devenir ingénieures. Les haïr au point de prendre un fusil et d’aller les abattre à l’université, en prenant soin de les séparer des garçons. Dans ma tête de jeune fille de 18 ans pour qui toutes les portes étaient ouvertes, c’était inconcevable, ça ne se pouvait pas! Et pourtant, ça venait d’arriver.
Quatorze femmes sont tombées sous les balles de Marc Lépine. Quatorze femmes mortes à cause de la folie d’un misogyne qui n’acceptait pas que les femmes soient les égales des hommes. Pas en 1700. En 1989. Il a fait 13 blessés également, dont 9 étaient encore des femmes.
Je n’ai gardé aucun souvenir de l’anniversaire de ma petite sœur. Vingt-sept « 6 décembre » sont venus, depuis, chasser cette triste fête. Mais je n’oublierai jamais cette date, il ne faut pas l’oublier.
Les victimes :
Geneviève Bergeron, 21 ans, étudiante en génie civil.
Hélène Colgan, 23 ans, étudiante en génie mécanique.
Nathalie Croteau, 23 ans, étudiante en génie mécanique.
Barbara Daigneault, 22 ans, étudiante en génie mécanique.
Anne-Marie Edward, 20 ans, étudiante en génie chimique.
Maud Haviernick, 29 ans, étudiante en génie des matériaux.
Barbara Klucznik-Widajewicz, 31 ans, étudiante infirmière.
Maryse Laganière, 25 ans, employée au département des finances.
Maryse Leclair, 23 ans, étudiante en génie des matériaux.
Anne-Marie Lemay, 27 ans, étudiante en génie mécanique.
Sonia Pelletier, 28 ans, étudiante en génie mécanique.
Michèle Richard, 21 ans, étudiante en génie des matériaux.
Annie St-Arneault, 23 ans, étudiante en génie mécanique.
Annie Turcotte, 21 ans, étudiante en génie des matériaux.
Une commémoration aura lieu demain, le mardi 6 décembre à midi, au parc situé au 2915, rue Ontario Est (au coin de la rue Florian, métro Frontenac), à Montréal. Elle s’inscrit dans le cadre de la Journée de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes. Les informations sont juste ICI.
J’avais 18 ans, j’habitais encore chez mes parents, j’étudiais au cégep dans la ville voisine. Je me souviens que ce soir-là, j’avais hâte de rentrer chez nous, c’était l’anniversaire de ma petite sœur chérie qui fêtait ses 10 ans. Je suis arrivée comme d’habitude vers cinq heures. Ma mère écoutait la radio en préparant le souper. J’ai cherché ma sœur, l’ai prise dans mes bras. On riait, l’ambiance était à la fête. Jusqu’à ce qu’on annonce au bulletin de nouvelles qu’une tragédie était en train de se dérouler à l’École Polytechnique. On a allumé la télé en background. Et là, au fil des minutes qui passaient, les images ont commencé à apparaître. Des civières qu’on sortait à la course, une tonne d’ambulances et d’autos de police qui flashaient dans le noir, la confusion qui régnait. Une tuerie avait eu lieu.
Quand on a su que le tireur fou avait ciblé uniquement des femmes, je me souviens de ma grande incrédulité face à tant de haine : pourquoi? Pourquoi il en voulait à ce point à de jeunes étudiantes en génie? Qu’est-ce qui pouvait justifier ça? Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi un gars pouvait se sentir menacé par des filles qui souhaitaient devenir ingénieures. Les haïr au point de prendre un fusil et d’aller les abattre à l’université, en prenant soin de les séparer des garçons. Dans ma tête de jeune fille de 18 ans pour qui toutes les portes étaient ouvertes, c’était inconcevable, ça ne se pouvait pas! Et pourtant, ça venait d’arriver.
Quatorze femmes sont tombées sous les balles de Marc Lépine. Quatorze femmes mortes à cause de la folie d’un misogyne qui n’acceptait pas que les femmes soient les égales des hommes. Pas en 1700. En 1989. Il a fait 13 blessés également, dont 9 étaient encore des femmes.
Je n’ai gardé aucun souvenir de l’anniversaire de ma petite sœur. Vingt-sept « 6 décembre » sont venus, depuis, chasser cette triste fête. Mais je n’oublierai jamais cette date, il ne faut pas l’oublier.
Les victimes :
Geneviève Bergeron, 21 ans, étudiante en génie civil.
Hélène Colgan, 23 ans, étudiante en génie mécanique.
Nathalie Croteau, 23 ans, étudiante en génie mécanique.
Barbara Daigneault, 22 ans, étudiante en génie mécanique.
Anne-Marie Edward, 20 ans, étudiante en génie chimique.
Maud Haviernick, 29 ans, étudiante en génie des matériaux.
Barbara Klucznik-Widajewicz, 31 ans, étudiante infirmière.
Maryse Laganière, 25 ans, employée au département des finances.
Maryse Leclair, 23 ans, étudiante en génie des matériaux.
Anne-Marie Lemay, 27 ans, étudiante en génie mécanique.
Sonia Pelletier, 28 ans, étudiante en génie mécanique.
Michèle Richard, 21 ans, étudiante en génie des matériaux.
Annie St-Arneault, 23 ans, étudiante en génie mécanique.
Annie Turcotte, 21 ans, étudiante en génie des matériaux.
Une commémoration aura lieu demain, le mardi 6 décembre à midi, au parc situé au 2915, rue Ontario Est (au coin de la rue Florian, métro Frontenac), à Montréal. Elle s’inscrit dans le cadre de la Journée de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes. Les informations sont juste ICI.
À voir : Polytechnique, l’excellent film de Denis Villeneuve qui reconstitue avec sobriété et justesse les tristes évènements.