Depuis un moment, je voulais écrire un texte sur ma frustration face au manque d’intérêt de mon entourage facebookien pour la culture du viol et la violence faite aux femmes (à tous les niveaux). J’ai repoussé et repoussé l’écriture de ce texte, attendant que la bonne inspiration vienne et (surtout) qu’un certain zen s’installe dans mon dedans pour éviter d’écrire quelque chose de beaucoup d’un peu trop intense.
Mais voilà que mon inspiration est au rendez-vous, mais que le contexte n’y est plus. Cette vague de colère et de frustration sur les médias sociaux est déjà terminée. Ça me met encore plus en colère, en fait, qu’un problème aussi grand n’ait retenu l’attention (de manière toute relative) de l’univers Facebook que pendant si peu de temps.
À la fin octobre, il y avait une colère rugissante qui faisait vibrer mon corps. Une colère qui était d’abord basée sur la vague des agressions dénoncées à l’Université Laval. À chacun de mes partages sur les médias sociaux, cette colère était attisée par l’absence totale de vagues à l’intérieur de mon réseau. Je me voyais alors déjà débattre de tout ça à Noël autour d’une dinde et d’une tourtière. Mais à la fin novembre, niet, fini, nada. Le problème est passé, je ne discuterai visiblement pas de cette culture du viol entre deux cadeaux.
Reste que, ces constats frustrants, enrageants, viennent encore me faire grimper dans les rideaux quand j’y pense. Et je voudrais relancer la vague d’indignation contre la culture du viol en vous partageant ce qui m’enrage quand je pense au monde qui m’entoure.
Crédit : Giphy
Je vis dans un monde où un post Facebook à propos de nouveaux voisins bruyants qui emménagent un mercredi soir a fait plus réagir ma crowd facebookienne que mes multiples partages sur la culture du viol et les agressions sexuelles.
Je vis dans un monde où j’entends des parents dire qu’ils sont soulagés d’avoir un garçon parce qu’ils croient alors que la culture du viol ne les concernent pas.
Je vis dans un monde où tout un chacun se permet de commenter les accusations de viol et de juger ce qu’il considère valoir la peine d’être nommé ainsi, sans savoir que la fille en face d’eux a vécu peut avoir vécu un viol-qui-ne-mérite-pas-d’en-être-un.
Je vis dans un monde où, pour un homme, avoir une réputation de bon gars semble donner une Get Out of Jail Free Card, puisque cette même réputation est plus importante que l’intégrité physique, mentale ou émotionnelle de n’importe quelle femme. Dans ce même monde, un homme accusé d’agression sur la place publique est devenu le nouveau président des États-Unis. #LogiqueImplacable
Je vis dans un monde où je me fais dire « Chill out pis prends une tisane » quand je m’inquiète du bon sommeil de mon bébé et que je demande un peu de calme une fois dans ma vie (en référence à mon post Facebook sur mes voisins bruyants, vous suivez?). On top of that, je vis dans un monde où on s’empêche presque systématiquement de dire à ces gens qu’ils nous blessent pour pas les blesser eux. C’est insupportable.
Eh bien moi, je suis inquiète de cette culture du viol, même si j’ai un fils. Parce que ce fils pourrait être victime d’agression sexuelle un jour. Parce que j’ai peur de ne pas l’éduquer adéquatement sur le consentement. Parce que let’s be clear, personne veut que sa fille se fasse agresser, mais personne veut non plus que son fils soit un agresseur. Mais qu’est-ce qu’on fait pour prévenir ça? Concrètement là?
Parfois, ce monde dans lequel je vis, dans lequel nous vivons TOUS, il me donne le goût d’élever mes enfants loin loin, parce que je ne sais plus par quel boutte commencer pour leur expliquer plus tard à quel point tout est fucké.
Je réclame mon droit de protéger mon enfant, que ce soit de la culture du viol ou du bardassage d’un voisin peu avenant un soir de semaine. Je réclame le changement. Pis le changement, ça commence maintenant. Par un decluttering de mes amis Facebook. #OnEstÀLaModeOuOnNeLestPas