Notre fillette a décidé qu’elle était un peu pressée de sortir pour rencontrer sa famille qui l’attendait avec impatience. C’est pour cela qu’elle s’est pointée à 36 semaines et des poussières! Malgré un petit début de jaunisse et une perte de poids un peu au-dessus de la norme, les tests de routine qu’on lui passait à l’hôpital étaient beaux. La pédiatre nous a donc donné notre congé, trois jours après sa naissance, tout en nous demandant de revenir le lendemain pour un contrôle de la jaunisse.
À notre rendez-vous du lendemain, on nous apprenait que fillette serait réadmise à l’hôpital puisque sa jaunisse avait empiré. En la mettant sous photothérapie, on l’a branchée à un moniteur qui affichait ses signes vitaux et nous avons commencé à noter que la petite désaturait. Cela signifie que le taux d’oxygène dans son sang baissait parfois.
Dans son cas, c’est lorsqu’elle était en sommeil profond. Rien de grave, que les infirmières nous mentionnaient. Probablement une immaturité des poumons due à sa prématurité. Toujours est-il que les pédiatres prescrivaient plusieurs tests à bébé et notre séjour à l’hôpital s’allongeait sans qu’on puisse mettre le doigt sur le bobo.
Durant ces longues journées, les résultats des nombreux tests que bébé a passés n’étaient jamais communiqués immédiatement. J’avais donc l’impression de passer mon temps à attendre. Attendre une nouvelle qui, je l’espérais, serait douce et positive. Car si à sa naissance tout était beau, j’avais vite pris pour acquis sa bonne santé.
Fillette continuait à désaturer, nécessitant un peu d’oxygène à quelques reprises. Complètement désemparée, je me rappelle avoir troqué le « un jour à la fois » par « une minute à la fois », tellement je ne savais plus comment gérer les signaux sonores agressants du moniteur lorsqu’elle désaturait ainsi que l’état de stress et d’attente face à l’inconnu qui m’habitaient.
Du haut de ses 6 jours de vie, notre fille a vécu sa première ride en ambulance pour être transférée à l’hôpital Sainte-Justine. En l’espace de deux jours, elle a passé plusieurs autres tests dont les noms glacent le sang de tout parent : électroencéphalogramme, électrocardiogramme, échographie du cœur. Encore une fois, le pire, c’était l’attente des résultats de tous ces examens, qu’on nous communiquait par bribes. Et puis, suite à l’élimination de tous les tests passés, le diagnostic est tombé : petits poumons immatures.
Je ne peux même pas exprimer mon soulagement.
Concrètement, ça voulait dire que notre fille avait des épisodes de désaturation et une respiration périodique (pauses respiratoires plus longues que la normale, mais que bébé réussissait à reprendre par elle-même).
Heureusement, seul le temps finira son œuvre, soit celle d’amener les poumons à leur maturité. En attendant, nous donnons à fillette une dose de caféine tous les soirs. Celle-ci stimule son cerveau qui doit rappeler aux poumons de bien faire leur travail. Aussi, quand elle dort la nuit et lors de nos déplacements en voiture, cocotte doit être branchée à un moniteur d’apnée qui nous alarmerait si jamais elle faisait une trop longue pause respiratoire. Ce n’est jamais arrivé, mais les médecins préféraient ne pas prendre de chance.
Même si je suis mille fois reconnaissante que ce soit un petit problème et qu’après 17 jours passés à l’hôpital, bébé soit enfin avec nous à la maison, je dois avouer que j’ai bien hâte de ne plus avoir affaire à ce moniteur. Je suis championne dans l’art d’emmêler partout le seul fil de l’appareil. De plus, il faut dire que c’est assez paniquant d’entendre le signal strident pendant que je conduis à cause d’une électrode qui a décollé. J’ai aussi hâte que notre fille soit libre de ses fils pour simplement pouvoir lui mettre ses petits pyjamas à fermeture éclair et pour pouvoir la prendre contre moi sans avoir peur d’accrocher un fil qui tirerait sa délicate peau.