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Il s’est attaqué à mon père

Le cancer. Imprévisible. Détesté de tous. Il ne fait aucune distinction de nationalité, de sexe, d’âge… Il s’attaque aux gens qu’on aime.
 
C’est à mon père qu’il s’est attaqué, il y a quatre ans. Il lui avait déjà rendu visite en 1983 dans ses ganglions et était de retour en force dans le cerveau.
 
La mère d’un ami a eu un cancer cervical il y a longtemps. Je me rappelle vaguement de son combat. Ce qui m’avait marquée par contre, c’était à quel point ce cancer ne pardonne pas… ou très peu.
 
Alors, lorsque le diagnostic est tombé, une peur sourde s’est emparée de moi. Tumeur au cerveau. Mon père…
 

Crédit : Richard Blanchette

 
Il avait une des meilleures neurochirurgiennes de Québec. Il l’aimait beaucoup. Il avait confiance. Après la première opération, alors qu’ils apprenaient qu’il restait une infime partie de la tumeur, mon père se rappelle de sa réaction, à elle. Elle était frustrée. C’était impensable pour elle de laisser ça comme ça. Ils se battraient, ensemble. Elle lui donnait de la force, de l’espoir. Grâce à elle, je pense que nous avons gagné beaucoup de temps.
 
Durant les deux années qu’ont duré ses traitements, nous sommes passés par toute une gamme d’émotions. Chacun à notre manière, nous avons géré la situation. De mon côté, je me suis posé beaucoup de questions, j’ai vécu beaucoup de frustration. Mais cette épreuve m’a aussi permis de remettre bien des choses en perspective. J’ai réalisé l’importance de la vie. J’apprécie encore plus toutes les belles petites choses qu’elle m’apporte. Je la remercie pour ça.
 
Mon père ne voulait pas que nous disions qu’il avait perdu son combat. Il refusait aussi que nous disions qu’il nous avait quittés, parce que pour lui, c’était impensable de nous quitter. Non, il disait simplement qu’il allait être de l’autre côté du miroir. Il nous y attendrait. C’est beau, je trouve.
 
Lorsqu’il est entré à la maison de soins palliatifs, il était serein. Il était prêt. C’est un endroit plein de douceur, une maison de soins palliatifs. C’est un endroit de paix, mais aussi un support extraordinaire pour les proches.
 
Le jour de son départ, il y avait une tempête de neige. Nous sommes à Montréal, lui, à Québec. Nous ne sommes pas arrivés à temps ma sœur, mon homme et moi. Il était déjà de l’autre côté du miroir lorsque nous sommes arrivés. Mais c’était bien ainsi.
 
Malgré le temps qui passe, malgré la blessure qui se panse un peu plus chaque jour, la perte de mon papa laisse un vide immense, qui ne sera probablement jamais comblé. Les souvenirs aident, en quelque sorte, à le sentir près de moi, près de nous. Pour ma fille, un avion passe dans le ciel, c’est grand-papa Richard qui nous dit bonjour. Pour moi, une chanson, un parfum, un bon verre de vin…
 

Crédit : Kuble09090)//Pixabay 

La peur que j’ai ressentie à la tombée du diagnostic est restée longtemps en moi. Ça ne fait pas longtemps que je n’ai plus peur. Ou du moins, moins peur. J’ai arrêté de penser que tout est le cancer, il y a quelques mois seulement. Je m’efforce maintenant à ne pas trop penser qu’un jour, ce sera peut-être mon tour.
 
Est-ce que la perte d’un être cher vous a transformé, vous aussi?

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