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Votre lait aurait pu sauver mon bébé
Crédit: Public domainPixabay

Vous avez sûrement vu passer cette nouvelle dans les derniers jours : Héma-Québec a ouvert ses critères pour permettre à plus de mères de donner à la banque de lait maternel.

Cette nouvelle me touche au plus haut point. Pourquoi le lait des autres me rend si heureuse? Parce que ma fille aurait été candidate à en recevoir, il y a 3 ans, lorsqu’elle est née à 30 semaines.

Pas juste un aliment, un médicament

Pourquoi devriez-vous embarquer comme donneuse, si vous répondez aux critères? Parce que pour le préma, le lait, ce n’est pas juste un aliment : C’EST UN MÉDICAMENT! Voici quelques faits éloquents :

  • Le lait maternel prévient l’entérocolite nécrosante. Si on veut résumer ça simplement, c’est une partie de l’intestin de l’enfant qui pourrit, et qui peut entraîner la mort. Le lait maternel réduit par trois fois les risques de cette maladie que l’on retrouve le plus souvent auprès des grands prématurés (enfants nés à moins de 32 semaines de gestation).
     
  • En néonat, les bébés sont pesés chaque jour (et parfois après chaque boire!). Le lait maternel contient des nutriments et du gras qu’aucun soluté, médicament ou préparation commerciale ne peut fournir de manière aussi efficace. Gras + vitamines du lait maternel = gain de poids plus rapide. Gain de poids plus rapide = moi qui repart avec mon bébé dans les bras plus vite à la maison. Parce que pour sortir de l’hôpital, le bébé doit peser un poids minimal.
     
  • Pour le bébé prématuré, le lait maternel, c’est plus digeste. Puisque les systèmes respiratoire, digestif et cérébral des prémas ne sont pas à maturité, ils consacrent BEAUCOUP d’énergie à les faire fonctionner. Parfois, si la digestion prend trop de place, leur petit cœur ralentit, ou ils cessent de respirer momentanément. On appelle ça, dans un terme pas médical pour deux sous, des « événements ».  Votre bébé ne doit pas faire « d’événements » pendant sept jours pour pouvoir espérer sortir de l’hôpital. Votre lait maternel permet donc à des bébés comme le mien de mieux digérer, et par conséquent, d’être plus stable et de sortir plus vite de l’hôpital.

Ma fille en train de boire mon lait par gavage, alors âgée d’à peine deux semaines et demi (32,5 semaines de gestation!). Avant 34 semaines de gestation, les bébés ne savent pas téter et doivent être nourris par gavage.
Crédit : Véronique Laurin

Quand le lait ne vient pas
Après tout ça, je vous laisse imaginer la détresse d’une mère qui produit peu ou pas de lait maternel. En plus du méga sentiment de culpabilité que l’on ressent lorsqu’on accouche avant terme, s’ajoute le fait qu’on comprend très bien que notre lait pourrait sauver notre bébé, mais qu’on est incapable de lui fournir cet or blanc. De plus, produire du lait quand on accouche prématurément, c’est vraiment plus difficile que pour un bébé à terme!

Pour ma part, j’ai eu la chance d’en produire suffisamment pour que ma fille puisse bénéficier de mon lait exclusivement. Mais le désespoir des autres mamans qui n’avaient pas cette chance restera à jamais marqué dans ma mémoire.

Si vous correspondez aux critères et que tirer votre lait n’est pas trop difficile, je vous encourage fortement à soumettre votre candidature. Le 2-3 onces que vous tirerez en 15 minutes, une fois de temps en temps, permettra à un bébé d’éviter la maladie et la mort. De la part de toutes les familles de grands et très grands prématurés, un grand merci pour ça!

Seriez-vous intéressée à donner votre lait à la banque de lait?

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